Le téléphone portable au secours de l’édition

En Afrique du Sud ou dans les pays arabes, les livres se lisent sur téléphone portable. Un moyen de combattre l’illettrisme et la faiblesse de l’édition papier.

Qui a dit que les pays du Sud seraient forcément à la traîne en matière de numérique ? Certainement pas Octavio Kulesz. Cet Argentin, éditeur et fondateur de la maison numérique Editorial Teseo, vient de publier une enquête qui montre tout le dynamisme des pays en développement dans le domaine de l’édition digitale (elle est accessible – uniquement en anglais – ici).

Si les expériences touchent tous les supports, c’est dans la téléphonie mobile que les innovations sont les plus étonnantes, rapporte Octavio Kulesz. « Nous assistons probablement à l’exploration de modèles économiques qui n’existent même pas aux Etats-Unis ou en Europe », écrit celui qui prend l’Afrique du Sud en modèle.

Des histoires conçues pour les téléphones portables

Là-bas, explique-t-il, le réseau de téléphonie mobile est bien plus développé qu’Internet. Cette particularité, Steve Vosloo a décidé d’en faire un atout. Il s’est appuyé dessus pour créer m4Lit, « mobiles phones for literacy », un projet grâce auquel il contribue à l’alphabétisation des enfants sud-africains via les téléphones portables. Distribution gratuite de récits, espace interactif, concours sur abonnement, etc., les initiatives sont multiples autour de m4Lit. Et Steve Vosloo ne s’est pas arrêté là : il a aussi conçu Yoza, une bibliothèque virtuelle où l’on peut trouver des histoires spécialement conçues pour les GSM, comme cela se fait beaucoup en Chine.

Lutte contre l’illettrisme en Afrique, et lutte pour l’accès aux livres dans le monde arabe. « Il existe une vraie différence entre l’Europe et les pays arabes dans la manière d’envisager l’outil téléphone portable, explique Jörg Hotter, PDG de Blackbetty Mobilemedia. Ici, on s’en sert surtout pour s’amuser, car les lecteurs peuvent se procurer facilement tous les livres papier qu’ils souhaitent. Là-bas, ce n’est pas le cas. L’édition et la distribution y sont bien plus compliquées. Développer l’édition sur téléphone portable, c’est un moyen d’y remédier. »

Qui deviendra le futur Shanda américain ?

Selon Octavio Kulesz, ce type d’innovation s’incrit dans une tendance plus large, celle d’une recherche pour le numérique galopante dans ces pays en développement. La Russie, par exemple, voit exploser le nombre de plateformes de diffusion numériques. Le gouvernement brésilien, lui, investit massivement dans les expérimentations digitales. Quant à la Chine, un vrai écosystème numérique est en train de s’y créer. La preuve ? Le portail de littérature en ligne Shanda, qui rassemble auteurs et lecteurs. Sa croissance est d’ailleurs si importante qu’il a décidé de développer sa propre liseuse, et de se lancer dans l’édition papier des livres les plus lus (avec l’aide des maisons d’édition traditionnelles).

« Certaines de ses expériences sont si dynamiques, conclut Octavio Kulesz, qu’au lieu de discuter de qui sera le futur Apple chinois ou l’Amazon sud-africain, on devra peut-être bientôt se demander qui deviendra le Shanda américain ou le m4Lit anglais. »

(d’après Livres Hebdo)

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