Voilà une initiative qui marquera par son ampleur. Afin d’écrire Pas de répit pour les morts, un polar, ils n’étaient pas un, ni deux, mais vingt-six auteurs !
Au départ, ils ne devaient être que douze. Finalement, ils sont vingt-six. Vingt-six auteurs de romans policiers anglo-saxons à avoir collaboré à l’écriture de Pas de répit pour les morts (« No Rest For The Dead »). Parmi eux, Jeffery Deaver, nouvel écrivain officiel des aventures de James Bond, Alexander McCall Smith ou Kathy Reichs. Rien que des romanciers à succès, qui ont chacun apporté une contribution équivalent : un chapitre de l’intrigue.
« L’impression d’avancer dans le flou »
L’histoire est celle de Jon Nunn, un détective hanté par une affaire qu’il pensait avoir résolu dix ans plus tôt. Mais plus il y réfléchit, et plus il est convaincu que Rosemary Thomas, condamnée à mort et exécutée pour le meurtre brutal de son mari, est en fait innocente. Lorsque Jon Nunn apprend qu’une messe du souvenir est organisée en mémoire de Rosemary, à laquelle participeront tous les suspects de l’époque, il saisit cette occasion, certainement unique, de trouver enfin le vrai coupable.
Peter James, écrivain et président de l’association des auteurs de romans policiers du Royaume-Uni, a participé à cette aventure. Lui était chargé d’un chapitre crucial : celui où l’on découvre un journal intime vieux de dix ans, qui fourmille d’indices. Et s’il a trouvé l’expérience très enrichissante, il a tout de même rencontré quelques difficultés : « Le plus dur était de ne pas savoir à quoi ressemblaient les personnages – car personne n’a vu ce que l’autre écrivait », raconte Peter James, avant de poursuivre : « D’habitude, j’établis mon intrigue de manière très précise. J’aime aussi semer des indices un peu partout dans l’histoire. Ne pas pouvoir faire ça, sur ce roman, a donc été très dur, confie-t-il. J’avais l’impression d’avancer dans le flou le plus complet. C’était à la fois très compliqué et libérateur. »
Les recettes reversées à la lutte contre la leucémie
Si l’initiative, au final, s’est révélée très populaire auprès des auteurs, cela n’a pas été le cas au début. « Au départ, j’ai eu beaucoup de mal à trouver des écrivains qui acceptaient de participer au projet pour une somme modique », confirme Andrew Gulli, à l’origine de cette initiative. L’un des autres gros problèmes était de garder une certaine cohérence dans le style et dans le déroulement de l’histoire. « Je pense que le résultat final se tient bien, sourit celui qui est aussi rédacteur en chef d’un magazine spécialisé dans le polar (Strand magazine). Quand j’ai relu le livre, je me suis d’ailleurs dit que son principal atout, c’était que l’on pouvait toujours entendre la voix de chaque auteur. »
Publié par Simon & Schuster, Pas de répit pour les morts est le fruit de quatre années de travail. En hommage à sa mère, décédée de cette maladie en 1997, Andrew Gulli a décidé de reverser toutes les recettes du livre à la Société britannique de lutte contre la leucémie.
(d’après Reuters et The Guardian)