François Forestier est critique de cinéma pour le Nouvel Observateur et nègre. Il est l’auteur chaque année d’une dizaine de livres sur lesquels sa signature ne figure pas. Il se raconte à la première personne dans les colonnes de son hebdomadaire.
« Je mets de la grammaire dans leur mélancolie, des virgules dans leur histoire, j’accorde les participes avec les participants. Je suis un arpenteur des rêves littéraires. Moi, nègre. » Il ne compte plus les personnalités dont il a écrit l’histoire. Miss France, footballeurs, chanteurs…« j’ai confessé des comédiens, des gangsters, des avocats, des cuisiniers, des drogués, des obsédés, des crapules et des saints », écrit-il.
L’autoportrait ressemble à une autobiographie que l’écrivain attendait depuis longtemps. Même s’il accepte volontiers sa vie dans l’ombre. « Ma récompense, c’est quand ils m’oublient. Quand le livre sort, ils se l’approprient, et c’est justice. »
Un footballeur incapable de lire son propre livre
Il poursuit ensuite avec des anecdotes délirantes : « Je me souviens de cet acteur de cinéma dont j’avais écrit le roman, d’après le scénario qu’il m’avait livré. Nous ne nous étions jamais vus. Me rencontrant lors du cocktail de lancement, à l’hôtel Meurice, il me dit, en se massant la tempe : « Mon année a été tellement difficile, avec l’écriture de mon livre ! » Il croyait parler à un journaliste, il s’entretenait avec son nègre sans le savoir. (…) Une autre fois, j’ai été obligé de faire des fiches pour un footballeur dont j’avais écrit le polar: il en avait besoin pour parler à la télé de son livre – qu’il n’arrivait pas à lire. »
Amoureux de son métier qui lui est un peu tombé dessus par hasard, lorsqu’un producteur de télé cherchait un journaliste pour faire d’un soap opéra un livre, François Forestier a l’impression d’avoir de multiples vies : « Par intérim, j’ai eu des existences bigarrées: j’ai appris le fonctionnement des machines du Creusot ; la manière de tamiser la boue pour découvrir de l’or en Guyane ; la valse des astres dans la constellation de Grand Clown. »
Un écrivain de l’ombre qui ne rêve pas de la lumière.
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Certainement le plus beau des métiers…
J’adore le comique de situation du pseudo-auteur acteur de cinéma qui se plaint de son année d’écriture sans savoir qu’il s’adresse à son nègre ! Que de strass et de paillettes dans ce monde 😉 Mdr.