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Il était une fois deux couleurs que le monde opposait. Blanc. Noir. Leur seul point commun fut qu’elles n’étaient pas reconnues à la naissance. Elles n’étaient que chimères, bâtardes, inventions de l’humanité cruelle trop dépourvue d’amour, cloisonnées dans un espace-temps. Ces deux couleurs dialoguent, divergent, convergent, conversent et se convertissent en monologues silencieux. L’océan qui les sépare est infranchissable sans en payer le prix. Noyade assurée. Billet aller-retour oublié. Elles ne se retrouveront jamais sur l’île déserte. L’amour a échoué.
Politiquement contre incorrect
Tours d’Ivoire contre cocotiers
Métropoles contre bananiers
Plaies non cicatrisées contre crayons jaunes
Mémoires amnésiques contres maux bleus.
Autrefois, Noir et Blanc commerçaient triangulaires, festoyaient au sein de clubs privés échangistes, se désiraient au coeur du parfum sucré de coton, aux creusets Atlantique, Arctique, Austral et Indiens pacifiques. Dans ces pôles de jouissances publiques, se croisaient sauvages en liberté, colons déboussolés et arbres déracinés. Blanc et Noir se conjuguaient, au Temps de la reconquête.
Attractions pour touristes ou pirates de monuments historiques
Visiteurs de Tour Eiffel d’Egypte ou de Venises d’ Afrique
Photographes de plages canadiennes ou de sables prusses
Cartes postales d’espaces vierges ou bouteilles en mers mortes
Récits de voyages ou romans à l’eau de rose ?
Désormais, Noir et Blanc s’observent, s’apprivoisent, se dévorent cannibales, s’étourdissent, s’étouffent, se grisent. Une obsession magnétique les entraîne vers un inconnu refoulé, vers d’autres rives impossibles, vers des aventures en fusion dont ils ne peuvent voir l’horizon. L’amour rend aveugle disent-ils. L’aliénation dirige son destin.
Résolu, le siècle où les écrivains étaient nègres
Révolu, le millénaire où les chiens haïssaient leur maître
Reconnu, la minute où le monde avait d’autres chats à fouetter.
Césaire et Napoléon rédigeront de nouvelles négritudes
Bouddha et Zeus méditeront de nouvelles prières
Chopin et Elvis chanteront de nouveaux jazz
La gauche et la droite ouvriront de nouveaux centres
La Beauté façonnera la nouvelle direction de nos sens
Le Réveillon se célébrera sous une autre langue, un autre paysage, une autre odeur, une autre peau ;
Blanc, Noir, maintenant enchaînés l’un à l’autre, esclaves l’un pour l’autre
Noir fond sous la neige de baisers aux mains glacées
Blanc perd sa pureté à travers les chemins de forêts sombres
Ils sculpteront les pierres en couleur Révolution ;
Rouge comme le sang trop longtemps coulé
Rouge comme le feu qui embrase les champs de canne
Rouge comme le piment qui enchante ton Palais doré
Rouge comme la passion que tes fruits ont semé
Rouge comme l’amour que tu as frustré.
Il pénètre ses jours, elle s’ abandonne à ses nuits. Ils feront l’amour en créole. Naîtront alors de nouvelles danses, de nouveaux théâtres, de nouvelles peintures, de nouveaux tableaux.
Meurs, vanité de la palette d’artiste !
Couleurs primaires et secondaires se teintent en tertiaire
Un et deux se calculent en trois
Café et lait se boivent en chocolat
Rêve et cauchemar trahissent nos jours
Plume et papier inventent l’histoire
Passé et Présent écrivent au future
Blanc et Noir s’aiment en Gris.
L’amour va ressusciter.
Anatlantik