Votez pour cette nouvelle en la partageant sur Facebook et Twitter !
Ma chère complice des bons et des mauvais jours,
Ce matin, je vais jouer à madame de Sévigné. Mon humeur du moment m’impose cet exercice périlleux avec la langue française.
Il y a quelques jours, mon téléphone a eu l’audace de me réveiller en me lançant un tonitruant : « Joyeux anniversaire « TANTINE » !
Je te rappelle que le 10 décembre, j’ai affiché 64 ans au compteur de ma vie !
Ce diminutif familier de « TANTINE », m’évoque d’emblée le personnage de la « Tartine Mariol » de mon enfance auquel je m’identifie depuis l’enfance.
Célèbre à partir des années 1956, cette grand-mère de BD affichait une force et une énergie sans limites. Son seul handicap était son cor au pied gauche qui parfois entravait ses actions. Dans les séries de cette BD, elle exerça au fil des années le métier de garde du corps puis celui de Premier ministre du roi Toto tout en surveillant les frères Nik et Nok deux turbulents voyous du royaume de Bancarotta.
Seulement, voilà, je ne suis pas l’invincible « Tartine Mariol » pour mes proches, mais une « Tantine » qui se situe entre des 60 ans enchanteurs, mais révolus et des 64 ans naissants, mais angoissants.
Dans la foulée, mon époux qui n’oublie jamais de me faire passer d’une année à l’autre en me témoignant une tendresse sans aucune faille, arrête son regard sur mes bras et s’exclame en plaisantant :
« Ma chérie, toutes ces taches sur tes bras ressemblent à la pigmentation des rousses. Mais comme tu as toujours été brune, j’opterais davantage pour les ravages du temps ! »
Je me tais un peu désemparée par la justesse de son observation. Outre les taches qui évoquent autant les ravages du temps qu’une varicelle sévère, je note en y regardant de plus près la finesse de ma peau avec le sentiment que l’an passé, elle était plus nette et plus épaisse.
Ce jour-là, j’ai passé la journée à réfléchir sur l’étendue de ces troublantes découvertes. De ces cogitations a émergé une idée qui me galvanise, car elle m’offre la possibilité de tourner le dos à ma carte d’identité.
Il s’agit tout simplement d’observer les retraités dans nos sociétés et de te faire partager mes observations.
Ma seule hantise est de savoir comment faire démarrer cette étrange voiture qu’est la création littéraire ! Je ne suis pas TANTINE, heureusement ! je ne suis pas TARTINE MARIOL, malheureusement ! , mais je suis moi (et je gagne à être connue !)
J’ai donc ouvert le capot, vérifié l’essence, passé les vitesses pour partir à la rencontre du sujet qui me ferait oublier l’avancée de l’âge.
C’était un jour comme les autres !
C’est-à-dire une matinée dédiée aux courses dans un supermarché d’une quelconque banlieue, proche d’une ville banale, mais dans un de nos beaux départements français.
Dès l’entrée, je compris que le club du troisième âge avait envahi le magasin. M’en convainquit la foule compacte et pressée de s’engouffrer à l’intérieur qui bouscula mon chariot vide.
D’un œil amusé, je la laissai s’étaler dans les allées tout en lorgnant les allures de mes copines et copains, sexagénaires, octogénaires, mais rarement, je pense, nonagénaires. Quant aux plus jeunes, en ce début de matinée, ils ne s’aventuraient guère dans les rayons du magasin ! Soit ils travaillaient, soit ils n’étaient pas encore levés !
Mon œil exercé eut donc le temps de localiser quelques retraités qui défilaient dans des pantalons dont la coupe imitait celle du pyjama. Et en plus, ils avaient l’air de s’être battus avec pendant toute la nuit !
D’autres arboraient des joggings dont les pans s’agitaient dans tous les sens ou s’affaissaient sur des chaussures éculées au gré de leurs déplacements. Cette insolite chorégraphie donnait naissance plus loin à celle formée par tous ceux qui arboraient des survêtements traînant sur le sol au risque de s’empêtrer dans ces bouts de tissus informes. À croire que leurs épouses étaient atteintes de myopie ou ne savaient pas coudre ! En mon for intérieur, je leur souhaitais d’avoir une bonne assurance.
BIRCLO