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Nous sommes en 1949 dans une petite ville Allemande de zone occupation Française .
Nous y avons passé toute la journée pour faire des achats. Ma mère voulait absolument échanger son vieux violon contre un nouveau qu’elle convoitait depuis longtemps. On m’avait offert une petite valise en carton rouge , je la trouvais très belle avec son intérieur recouvert de tissus blanc ; Elle était encore plus belle que celle dont j’avais envie. Ma soeur avait réussi à se faire offrir une paire de chaussures bleu marine , elle n’arrêtait pas de les regarder; heureuse , elle aussi. C’était une belle journée. Vers 19 heures nous avons rejoint la gare pour prendre le train et rentrer chez nous.
Je nous revois assises sur un banc dans le hall de cette gare. Je n’ai que six ans,ma soeur en a douze. Notre maman est assise entre nous deux . Il ya beaucoup de monde ; je suis un peu effrayée. Je me souviens des bruits ,de l’atmosphère de cette gare où personne ne parle le Français . Mon père est parti nous acheter quelques viennoiseries car il commence à se faire tard et nos estomacs d’enfant réclament quelques nourritures.
En face de nous,elles aussi assises sur un banc , une maman et ses quatre enfants. Elles ont l’air un peu perdues et ont très peu de bagages. La maman semble triste et préoccupée.Je regarde la petite fille , un peu plus jeune que moi; nous nous faisons un petit sourire timide, j’aimerais bien aller jouer avec elle, mais je n’ose pas quitter ma maman , il y a trop de monde, j’ai peur de la perdre.
Je remarque au travers des vitres du hall que la nuit est presque là. Il ne fait pas bien chaud et je suis fatiguée, je me blottis contre ma mère .
Lorsque mon père revient , ma sœur très gourmande se jette sur le paquet qu’il rapporte de la boulangerie et prend une brioche ; ces belles brioches toutes rondes décorées de cristaux de sucre qui sentent si bon ! je les adore ; je n’ai jamais retrouvé depuis une brioche ayant ce goût si doux et tendre .Elles fondaient autant dans le coeur que dans la bouche. Ma soeur la dévore à pleine dents.
J’ai très faim et tends la main pour recevoir ma brioche ; à ce moment là , ma maman me dit » tu vois cette petite fille en face de toi , c’est une réfugiée certainement hongroise . Elle aussi doit avoir faim et même très faim; ses parents ne peuvent pas lui offrir une brioche ; ce serait Bien si tu allais lui offrir la tienne. » ma première réaction est de dire » Pourquoi moi ? Anna pourrait donner la sienne ! » Ma maman m’explique que ce ne serait pas bien de donner une brioche entamée ; et qu’Anna va me donner un morceau de ce qui reste de sa brioche. Je rechigne un peu, pas vraiment convaincue . Ma mère me connait bien , elle ne dit rien de plus. Je tiens ma brioche bien serrée dans ma main , la regarde , soupire un peu , puis m’avance vers la petite fille et la lui donne sans rien dire ( nous ne parlons pas la même langue ) Ses yeux s’émerveillent de joie et pour me remercier m’embrasse très fort . Alors , je suis heureuse, et ne pense plus à ma faim.
Ce fût vraiment une belle journée , tellement belle que je ne l’ai pas oubliée.
C’est aujourd’hui seulement que je comprends que cet échange entre elle et moi est devenu le moteur de ma vie . Merci petite fille de la gare: tu m’as sans le savoir appris à donner et à aimer. Cet échange d’une brioche contre un moment de bonheur partagé est le plus beau cadeau de ma vie .
MAMEÏ
Très émouvant ; Belle leçon de vie
bonne pub pour la sncf tres bonne nouvelle……