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Par une pâle matinée d’hiver. Adossée à un arbre. Elle soufflait sur ses mains la condensation de son haleine. Agitant de haut en bas ses doigts gourds elle semblait mimer le froid. Lui, en phase de retour au calme, marchait après son footing. Arrivant à sa hauteur. La voyant faire il lança en souriant : « Comme vous dites ! Ça gèle fort ! Et il ajouta. Combien de béries ce matin ? ».
« Au moins sept ou huit ! » répondit-elle. (1)
Ils rirent ensemble heureux de s’être compris.
Il se présenta : « Luc ! ».
— « Léa ! »
Ils échangèrent une poignée de main. Elle était vraiment frigorifiée. Elle refusa ses gants. Accepta un chocolat chaud à l’Auberge proche. Mais, pour elle, sans croissant car ce n’était pas la peine d’avoir passé une heure à s’échiner pour garder sa ligne et demain se retrouver avec cent grammes de plus sur les hanches. Ils firent connaissance. Convinrent qu’il fallait être maso pour courir par ce temps et que c’était là leur dernière sortie de l’année.
Il était célibataire. Elle était sans attache et habitait chez sa Mère. Léa était splendide et Luc lui plaisait bien. Ils échangèrent leur numéro de téléphone sur une page du carnet de commande de la serveuse. Ils se quittèrent enchantés. N’appelant jamais la première. Elle jeta le papier.
En rentrant Luc mit son survêtement dans la machine à laver, oubliant de récupérer le numéro de Léa : « Zut ! Il ne pourrait pas la joindre ». Ne fréquentant pas la même salle de sport ils se perdirent de vue. Un jour, dans la foule d’un gala de boxe. Ils se reconnurent aussitôt. Se saluèrent. Échangèrent des bises comme s’ils s’étaient quittés la veille. Pour être sûrs de se revoir ils se donnèrent rendez-vous pour le lendemain. Ils échangèrent leur premier baiser. Des caresses. Enfin de vrais serments d’amour.
Elle emménagea chez lui. Leur vie devint un perpétuel échange de mots doux, d’idées et de gestes tendres.
Les mois passant ils eurent, comme tout le monde, quelques menues frictions. Léa était jalouse, possessive. Pas douée pour la cuisine. Elle était une bonne cliente du traiteur du coin.
Luc semblait s’accommoder de tout. Sauf, du fait qu’elle s’était approprié son pull bleu en cachemire quatre fils qu’il adorait particulièrement. Il ne pouvait en disposer qu’après l’avoir porté au pressing et encore pour peu de temps. Elle s’aspergeait de N° 5 de Chanel et lui, un brin macho, craignait qu’on dise qu’il se parfumait comme une cocotte.
Un soir, en rentrant, énervé par son travail. Luc trouva Léa essayant une nouvelle robe. Il lui fit remarquer que cette semaine c’était le deuxième achat de ce genre…Et que ce n’était pas la peine de jeter ainsi l’argent par la fenêtre. Elle le traita : « D’avare ! Comme d’ailleurs, tous les membres de sa famille de bouseux. Tous des pingres ! » Il lui dit qu’elle était une : « écervelée irresponsable ! ». Pour couper court. Il préféra aller s’aérer. Elle lui intima l’ordre de rester à la maison. Il sortit !
Sur le chemin du retour. Calmé. Il pensa qu’elle avait, peut être, un peu raison. Il décida de faire la paix ! D’ailleurs elle était dans la chambre…
Il ouvrit la porte…Et la vit…Sur le lit…
Consciencieusement occupée à mettre en charpie son pull bleu. Une boule de colère naquit dans son estomac et monta jusque dans sa tête où elle explosa. Il hurla qu’elle était : « folle à lier ! ». Attrapa sa robe qui traînait et la déchira en deux.
Furieuse elle se jeta sur lui les poings en avant. Ils échangèrent des coups…Puis, elle prit son bagage et s’en alla. Ce fut, entre eux, leur ultime échange. Fatal, à leur idylle !
Luc ne fit rien pour la retenir : « D’autant que cette cinglée venait sûrement de lui bousiller une dent ! ».
Ils ne se revirent jamais !
(1) Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas cette blague éculée. En voici un résumé : « En hiver un gars rencontre un ami et lui dit qu’il fait un froid de Sibérie et l’autre lui rétorque qu’à son avis il fait au moins sept ou huit béries ».
POL
Ainsi va la vie ! vraiment trop drôle !
Matcha
J’ai adoré le suspens du lit …!
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