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Tous les ans c’est la même marotte, le même questionnement obsessionnel, vais-je réussir cette fois-ci à m’y tenir, à prendre enfin de bonnes… Il semblerait que non, car le simple fait d’écrire ce mot m’hérisse le poil. Pour faire court, j’ai décidé cette année encore, et d’un commun accord avec moi-même en personne, de ne rien changer. C’est bien simple, plus aucunes tentatives de revirement, plus aucunes initiatives censées changer le cours de ma modeste vie. De fait, ne parle-t-on pas à juste titre « d’initiatives malheureuses » ? Cette question étant posée, je ne vais pas jouer au plus malin avec le malheur, il est bien assez grand pour s’inviter dans mon existence sans que je lui tende une perche digne des Jeux Olympiques. Toutes ces pseudo-motivations reprises comme des antiennes ne sont que des fariboles, des promesses qui n’engagent que ceux qui y croient. Il suffit d’ailleurs de regarder un peu autour de soi pour se convaincre du bien fondé de ce raisonnement. Commençons par enfoncer des portes ouvertes, par les lieux communs tels que : « Cette année j’arrête de fumer » ou encore dans la même veine : « Allez, c’est décidé, en 2015 plus une goutte d’alcool ». Prononcés comme des mantras, ces challenges tiennent rarement sur la durée faute d’une réelle volonté d’aboutir. La moindre sortie entre copains, le moindre repas de famille, la moindre contrariété et c’est tout l’échafaudage de bonnes intentions qui s’écroule entre deux cigarettes et un verre de digestif. Mais charité bien ordonnée commençant par soi-même, je vais passer ici en revue quelques motivations profondes qui me poussent à rester tel que je suis. Je ne dis pas que j’ai raison sur tout, mais j’ai surtout mes raisons.
Prenons l’exemple de ma chère voisine, avec qui, dans un élan psycho-érotico-démentiel, je pourrai renouer le dialogue, elle qui, l’été dernier, m’a intenté un procès pour une question de bornage de terrain datant du remembrement de 1975. Totalement irréaliste bien évidemment, mon seul désir étant de louer une mini-pelle et de creuser pour cette harpie un joli petit trou au fond du jardin à côté de la fosse sceptique. Qui se ressemble…
Je pourrai aussi à la rigueur, soudainement enclin à un accès de compassion, faire croire à mon patron que je suis le plus heureux des hommes dans son entreprise, que les heures supplémentaires non payées depuis deux ans participent à mon épanouissement personnel et que oui, je vais accepter en plus, de venir travailler un samedi sur deux. De qui se moque-t‘on ? Lui aussi il a gagné sa place à côté de la voisine, quitte à louer du matériel de terrassement, autant rentabiliser l’affaire !
Je pourrai toujours, pris d’un besoin de zénitude, pardonner à certains automobilistes fous furieux leurs comportements irresponsables et suicidaires.
Je pourrai encore, à en écouter mon psychologue, renouer des liens avec mon père qui me battait comme plâtre quand il avait forcé sur la chopine, lui pardonner tel un fils aimant de m’avoir cassé trois côtes et déplacé deux vertèbres pour fêter mes 18 ans, et pourquoi pas afin de faire bonne mesure, lui faire un nid douillet de plain-pied à la maison eu égard à son grand âge ?
Je pourrai allez savoir, pardonner à ma compagne de me faire ressembler à feu le marquis de Montespan, et orner par la même occasion, mon véhicule des temps modernes de magnifiques cornes solidement attachées sur la galerie!
Finalement, je vais louer mon engin génocidaire pour le week-end, car la liste est loin d’être exhaustive.
Aucun effort, aucune compromission pour cette nouvelle année, qui cela va sans dire, n’est autre que l’exact reflet de 2014, de 2013, et de tant d’autres.
Carpe diem.
Luc Dassens.