Le Motif a mené une étude sur l’offre illégale d’eBooks. Prend-elle le dessus sur l’offre légale ? Qui sont les auteurs les plus piratés ? Quelles sont les réactions des éditeurs ?
Une offre illégale en progression
Selon l’étude du Motif, 4 000 livres en français d’éditeurs nationaux sont disponibles en téléchargement illégal. Cette offre est donc encore plutôt faible mais elle progresse. Les internautes ne téléchargent pas n’importe quel auteur ni n’importe quel genre. Le fantastique et la science-fiction sont des genres plus propices au téléchargement illégal puisque 45% des écrivains les plus piratés sont des auteurs de SF. Parmi eux, on retrouve Isaac Asimov ou Stephen King qui arrivent en 17ème et 18ème position. Le roman policier est aussi très prisé des pirates, on retrouve Agatha Christie au top du classement, suivie de Charlaine Harris. Les écrivains français ne sont pas en reste, puisque Bernard Werber arrive en quatrième position, suivi par Frédéric Beigbeder. Mais ce sont les manuels pratiques, et non la littérature, qui prennent la tête du classement avec plus de la moitié des livres téléchargés. La littérature ne représente que 29% des livres piratés. Le livre le plus téléchargé est ainsi Le Petit Larousse des conserves et des salaisons. La littérature n’arrive qu’en sixième position avec Faux-Semblants de James Abbott, qui relate la vie d’un fils de sénateur devenu star du porno.
« Il ne faut pas diaboliser le piratage »
Sans réelle surprise, les gros éditeurs sont les plus téléchargés. La présence de Bragelonne, spécialiste de SF et de fantastique, dans les top 10 des éditeurs les plus piratés est donc logique, au vu du grand nombre d’oeuvres fantastiques téléchargées illégalement. Interrogé à ce sujet, Alexandre Levasseur, Digital Manager des éditions Bragelonne, explique qu’il trouve ça « cool » de figurer dans ce classement. Les éditions Bragelonne sont le troisième plus gros distributeur de livres numériques. Connues pour leur rejet des DRM (verrous numériques), les éditions Bragelonne relativisent le piratage. Alexandre Levasseur précise : « En regardant vraiment cette étude il s’avère que les titres les plus piratés sont tous des titres dont je n’ai pas les droits en numérique, donc pas d’offre légale possible. Cela prouve encore le respect de certains pirates ou certaines teams pour notre offre légale. Il ne faut pas diaboliser le piratage, la musique s’en est suffisamment chargée pendant 10 ans avec le succès qu’on lui connaît. » Va-t-on vers une évolution des convictions des éditeurs du numérique ?
Il y a deux « n » à Bragelonne !
Et en effet, le piratage concerne essentiellement les œuvres très célèbres, ce qui est tout le succès que l’on peut souhaiter à nos propres auteurs en tant qu’éditeurs ! 🙂 Ou bien c’est une question technique : si on limite la diffusion légale d’une œuvre, on courtise le piratage… Rien que de très logique !
Les pirates achètent les livres qui se trouvent parmi les cent meilleures ventes. En février, mes romans étaient au top et les ventes se comptaient par centaines.
Mi mars, tout a été piraté, et je n’en vend plus un seul. C’est franchement abject. J’ai travaillé pendant des années et c’est les autres qui empochent les bénéfices.