Les écrivaines Justine Lévy et Colombe Schneck se confient sur la place des héroïnes dans leurs récits, mais aussi dans leur quotidien.
- J. Lévy
- C. Schneck
Quelles sont les principales caractéristiques d’une héroïne ?
Justine Lévy : « Une héroïne ne doit pas être inaccessible. Il faut qu’elle ait des défauts sympathiques et qu’elle se casse la figure ! C’est impossible d’être parfaite et de faire pénitence en permanence. Il faut que l’on retrouve de soi en elle. Une vraie héroïne est infiniment romanesque. D’un autre côté, une héroïne de roman n’est pas forcément héroïque. Je raconte des évènements mineurs qui deviennent majeurs : je parle de petites héroïnes de leur petit quotidien. Cela dit, j’évoque des choses assez sombres. Mes héroïnes sont dépendantes des autres et ont du mal à prendre leur vie en mains ».
Colombe Schneck : « Une héroïne doit avoir des défauts, mais on doit l’aimer. Elle doit parler au lecteur et lui être très familière afin qu’il s’y attache. Elle doit être libre et indépendante ».
Vos héroïnes sont-elles inspirées par vos connaissances ?
Colombe Schneck : « L’écriture est une interaction entre la fiction et le réel, mais je ne sais pas où est la frontière entre le réel, l’imagination, le rêve. J’ai évoqué une part de mon enfance dans un récit merveilleux. J’y ai transformé des personnages de cette période de ma vie en héros. J’admire la façon des femmes de ma famille d’affronter le pire en restant forte et élégante : c’est héroïque. J’ai ainsi parlé de la façon d’affronter la mort comme une héroïne dans Val de Grâce (éd. Stock, 2008). Comme tout écrivain, on parle toujours de soi de manière plus ou moins marquée. Il est vrai que s’approprier une histoire peut couper de la famille. On a cependant le droit de mentir quand on écrit sur sa vie ou sur les autres. Il faut simplement que cela soit juste pour les lecteurs et l’auteur. On se trouve dans le livre et pas ailleurs. »
Justine Lévy : « J’ai l’impression de beaucoup mentir dans la vie et de dire la vérité dans mes romans : tout est beaucoup plus vrai que les bêtises que je raconte chez moi au quotidien. Oui, je m’inspire de mes connaissances, mais cela n’a jamais été un souci. En effet, je réserve mes portraits féroces aux gens qui m’ont fait du mal. J’ai certes eu des problèmes mais cela en valait la peine. La vie est une guerre et je me bats comme je peux : j’écris. »
Quel est votre rapport à l’écriture ?
Justine Lévy : « On peut écrire dans la joie : je ne crois pas au mythe de l’écrivain torturé. Quand on est au bout du rouleau, on ne peut d’ailleurs pas le dire. Il faut donc aller assez bien pour écrire et avoir confiance en soi. De plus, l’écriture donne du sens à ma vie. Il y a cependant des choses que je ne peux me permettre d’écrire car je sais que mes enfants me liront un jour. Je n’arrive pas à oublier que je suis mère. Au bout du compte, je publie un roman tous les cinq ou six ans. »
Colombe Schneck : « Quand j’écris, je suis libre de tout. Je me sens à ma place, libre et heureuse. De mon côté, j’oublie que je suis mère de famille. Mais cela ne m’empêche pas de beaucoup écrire sur le fait d’être mère ! »
(Crédits photo : TV5monde, Babelio, Orgueil et Préjugés) Propos recueillis lors du Salon du livre de Paris 2015
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