On a longtemps cherché à expliquer les structures de la narration, de la conscience, de la personnalité humaine. Sept types de personnes apparaissent-ils dans sept tendances éditoriales différentes ? Ewan Morrison, lauréat en 2013 du Prix littéraire écossais catégorie Fiction, propose une nouvelle approche de la réflexion culturelle, fondée sur l’étude de cycles. Elle pourrait permettre d’anticiper les prochaines tendances éditoriales et d’écrire le bon texte au bon moment, en fonction de la pensée littéraire alors au goût du jour.
Qu’est-ce qu’une « grande idée » ?
Les « grandes idées » symbolisent un contenu très relayé au niveau médiatique, et universellement partagé. Selon Ewan Morrison, les livres, les films, l’art sont des expressions de ces « grandes idées » et se manifestent de manière cyclique. Par exemple, la « grande idée » derrière les franchises Hunger Games, Divergent ou The Giver, c’est le concept « Dystopie*/Utopie ».
Les « sept grandes idées »
1- La vérité de l’être
Il est ici question d’introspection. Le questionnement est le principe fondateur de cette idée, courante durant les années 20 et 50, et symbolisée par la fiction réaliste américaine des années 70.
2-La dystopie
Une dystopie est un récit de fiction peignant une société imaginaire, organisée de telle façon qu’elle empêche ses membres d’atteindre le bonheur et/ou la liberté. Phénomène littéraire de ces dernières années, la dystopie n’est pas récente : des auteurs tels que Platon, Hobbes (XVIIème siècle), Rousseau (XVIIIème) ou encore Orwell (XXème) ont écrit sous cette forme.
3- L’amour et la luxure
Cette idée a dominé les années 60, avant d’être bannie pendant près de quarante ans. Elle se manifeste aujourd’hui dans des romans tels que Twilight et Fifty Shades.
4- Les héros
Très populaire depuis plusieurs décennies, ce thème est incarné par les fictions de Marvel et son éternel rival DC Comics.
5- Le surnaturel
Elément clé de nombreux films d’horreur des années 70, le surnaturel est encore plein de promesses pour l’avenir.
6- La nostalgie
Cette idée s’est répandue au début des années 2000. Ce fut la belle époque du style rétro en musique comme dans la mode.
7- La noirceur
Les tueurs en série ont marqué la fiction de la fin des années 90, qu’elle soit cinématographique ou littéraire.
Pourquoi sept ?
Ce chiffre à haute valeur symbolique est très ancré dans la littérature. Le folkloriste russe Vladimir Propp distinguait dans les années 1940 sept caractères de personnages dans le conte : l’agresseur, le donateur, l’auxiliaire, la princesse, le mandateur, le héros et le faux-héros. En 2004, le journaliste Christopher Booker évoque sept récits originels dans son livre The Seven Basic PLots : Why we tell stories : l’affrontement du monstre, de la misère à la richesse, la quête, voyage et retour, comédie, tragédie et résurrection. Selon Morrison, ces exemples montrent que la narration et la création des personnages reposent sur des fondements anciens et universels. Ce fameux chiffre sept est également présent dans la culture religieuse, via les sept pêchés capitaux, qui forment une part de la nature humaine évoquée dans certaines fictions.
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