Le polar confronte la fiction à la réalité, le bien au mal. A l’occasion de l’édition 2015 du Salon du Livre de Paris, trois auteurs se sont réunis pour partager leur expérience du roman noir.
- C. Roux
- DOA
- E. Grand
Pourquoi avez-vous choisi la forme du roman noir ?
Christian Roux, auteur de Adieu Lili Marleen (ed. Rivages, 2015) :
« Le roman noir est une manière pour moi de parler de ce qui me dérange dans la société. Il sert à mettre en lumière les fractures sociales et humaines. La grande question de mon dernier roman est : comment est-ce qu’on survit dans ce monde ? »
Emmanuel Grand, auteur de Terminus Belz (ed. Points, 2015), son premier roman noir :
« Je suis un révolté mais il faut le dire de manière subtil. Le roman noir est particulièrement intéressant pour ce que je voulais faire : parler du réel et être dans l’exercice d’une histoire qui emmène le lecteur de la première à la dernière page. Il faut de fait préserver plusieurs niveaux de lecture. Un polar doit pouvoir être lu au premier degré : le lecteur doit lire une histoire dont il a envie de tourner les pages. On doit aussi pouvoir y trouver autre chose, ce pourquoi mon roman rassemble un road-movie et un huis clos. »
Vos personnages sont-ils des héros ?
Christian Roux : « Les héros ne m’intéressent pas car je me concentre sur la vie citoyenne. Je prends donc des personnages qui partagent les mêmes soucis que la majorité des gens. Mais ils sont confrontés à des formes exacerbées de nos soucis. Nos personnages deviennent des héros car on les inscrit dans une fiction qui n’est pas la vie ».
Emmanuel Grand : « Les personnages ordinaires confrontés à des situations extraordinaires sont beaucoup plus intéressants car on peut se retrouver et parler de ce que nous avons en commun : notre humanité. Je veux parler du réel. Au cœur du roman il y a donc ce héros qui n’en est pas un. »
DOA a obtenu le grand prix de littérature policière en 2007 avec son roman Citoyens Clandestins (ed. Série noire, Gallimard) : « On a l’habitude des archétypes de héros dans la littérature policière. Dans le roman noir, on s’intéresse à des situations du réel. Le héros est celui qui, dans des conditions d’adversité, va faire ce que la plupart des gens ne ferait pas. Il fait alors basculer la situation, au mépris des risques pour sa personne. J’ai du mal à croire qu’on puisse se passer de héros dans la littérature. Le lecteur s’attache à des personnages qui par vocation ou circonstance deviennent hors-normes. Le héros devient plus grand que nous ».
Comment jouez-vous avec les frontières du bien et du mal ?
DOA : « Est-ce que je m’intéresse au bien et au mal ? La réponse est très personnelle et se situe dans la représentation de ce que l’on fait. Nous sommes le fruit de sociétés qui définissent ce qui est bien, ce qui est mal. Mais cela change selon les cultures. Mon instrument est la réalité, qui a sa part de relativisme : je construis la fiction avec elle. Mes personnages sont réalistes mais ne sont pas vrais. Je raconte une fiction au milieu d’une réalité. »
(Crédits photo : Doumé, Babelio, RFI, The Spectator)
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