Que se passe-t-il lorsque l’on envoie à un éditeur une oeuvre d’un auteur célèbre en enlevant sa signature ? Le talent de l’écrivain sera-t-il reconnu ?
Dans les années 90, un écrivain décide de jouer un tour aux maisons d’édition. Il leur envoie un texte de Marguerite Duras, en prétendant être un jeune auteur qui vient de l’écrire. Que cherche-t-il à prouver ?
Quel rôle joue le nom de l’écrivain ?
Guillaume Jacquet décide en 1992 de reprendre l’oeuvre L’Après-midi de Monsieur Andesmas (Gallimard 1962) de Marguerite Duras et de l’envoyer aux trois éditeurs principaux de l’auteure. Il change le titre, le nom des personnages, mais conserve le texte intégralement. Il joue même avec le feu en ajoutant au livre une dédicace « A Marguerite qui ne sait pas ». Guillaume Jacquet reçoit alors trois lettres de refus. Des éditions POL, il reçoit même ce message : « Notre époque de crise, plus qu’aucune autre période, oblige la direction à n’accepter que des textes de la plus grande qualité. »
Sentiment de déjà lu
Informés de la supercherie, les éditeurs s’expliquent par leur volonté de sans cesse rechercher des jeunes talents à l’écriture originale. Or cette lecture du texte de Marguerite Duras donnait comme un sentiment de déjà lu. Que faut-il conclure de cet épisode ? Que Marguerite Duras, à la fin de sa vie, n’était publiée que grâce à son nom ? Mais ce qui a été publié à une époque ne correspond peut-être plus à ce qu’une même maison d’édition souhaite publier trente ans plus tard. La supercherie fonctionnerait-elle encore aujourd’hui ? Les derniers livres de Marc Lévy ou Amélie Nothomb auraient-ils été publiés, indépendamment de leur nom ? Quoi qu’il en soit, il ne faut pas oublier que ces romanciers ont bâti cette renommée et ne sont pas nés avec. Il ne faut donc pas tirer de conclusions trop hâtives. Une supercherie du même acabit a été réalisée récemment par le journal Marianne, qui avait voulu piéger des conseillers littéraires. Pour cela, une journaliste leur avait envoyé un livre de Robbe-Grillet. Les conseillers littéraires ont notamment vivement critiqué la double narration qui caractérise le roman.
Source :
These.univ-lyon2.fr