Scarlett Allainguillaume : Quand l’écrivain devient auteur

Scarlett Allainguillaume a remporté l’édition 2010 du concours « 24 heures d’écriture ». Sa nouvelle, Rencontre à proximité du fleuve, a été publiée par les Éditeurs Associés. En 2011, elle a publié une deuxième nouvelle dans le recueil collectif Douze Cordes des Éditions Antidata. Scarlett Allainguillaume a également participé aux ateliers d’écriture sur le roman organisés par l’Agence littéraire Pierre Astier & Associés.

Pourquoi écrire ?

J’écris depuis longtemps. Je ne vais pas vous dire que j’inventais des histoires de princesses, à sept ans, parce que ce n’est pas le cas. Ma vocation est un peu plus tardive. D’ailleurs, je peux dater précisément mon premier texte. C’était lors d’un vol Paris-Toulouse, le jour de l’enterrement d’une personne très proche. J’avais seize ans. Cette origine singulière me laisse parfois penser que j’écris pour couvrir le silence, pour conjurer la perte, mais c’est probablement une réponse parmi d’autres.

Le choix de l’écriture et l’exclusion du reste

L’année dernière, j’ai visité une des maisons de Gaudí, la Casa Batlló. J’ai été frappée par le caractère obsessionnel de l’architecte. Je me trouvais devant la projection totale de l’intériorité d’un artiste vers l’extérieur, sous la forme d’une œuvre. Je me suis dit que, sans pour autant atteindre ce niveau d’exigence, il fallait que je laisse l’écriture remplir ma vie, et exclure tout le reste. C’est difficile pour les gens qui naissent assoiffés de connaissances. J’ai pratiqué la danse, le violoncelle, le chant, j’ai étudié un nombre absurde de langues étrangères, et j’ai presque tout oublié. Parce que le temps des humanités est révolu, et qu’un jour vient, où il faut choisir un domaine et renoncer aux autres.

Il se trouve que l’écriture est arrivée en premier, et qu’elle est l’outil qui me permet de m’exprimer avec le plus de nuances. Ce n’est certainement pas un hasard. Elle m’a peut-être elle-même choisie.

24 heures dans la vie d’un auteur

Les 11 et 12 juin 2010, j’ai fait une chose très étrange, seules quarante-huit personnes l’ont faite à ce jour. Enfin, quarante-sept, parce que l’un de nous s’est échappé.

Cela s’appelle « 24 heures d’écriture », et le principe est le suivant : vingt-quatre écrivains acceptent d’être enfermés ensemble pendant vingt-quatre heures, pour écrire une nouvelle sur un sujet qui leur est dévoilé au dernier moment. Cela semble inquiétant. En réalité, c’était prodigieux. Une performance épuisante, mais surtout chaleureuse, drôle, inoubliable. Plusieurs des participants sont devenus des amis, et nous écrivons ensemble, parce que l’écriture est aussi quelque chose qui se partage.

Les « 24 heures » ont changé ma vie, puisque ma nouvelle, Rencontre à proximité du fleuve, a été publiée. En janvier 2011, les éditions Antidata ont publié une autre de mes nouvelles, Le Seuil, dans leur recueil collectif Douze Cordes.

La magie de la première publication

La publication change évidemment la vie d’un écrivain, mais elle ne concrétise pas seulement un désir. Il se passe aussi quelque chose de plus profond, de l’ordre de la métamorphose. Dire que ma pratique est devenue plus régulière est un euphémisme : l’écriture occupe maintenant le moindre interstice de mon quotidien, comme si j’avais ouvert une vanne. La nouvelle que je laisse sur ma table n’y reste plus, elle campe dans ma tête jour et nuit, comme un hôte impoli. Avant, quand un projet devenait difficile, je le rangeais dans un tiroir. Il pouvait y rester des années. Aujourd’hui, à moins que l’idée ne soit tout simplement pas réalisable, je n’arrive pas à lâcher un texte tant qu’il n’est pas terminé. Je ne sais pas s’il s’agit d’orgueil, d’obsession, de persévérance ou de simple curiosité. C’est juste un phénomène que j’ai observé cette année. Et si je le formule ainsi, le passage d’écrivain à auteur, c’est parce que j’ai l’intuition que chaque auteur pourrait vous décrire les mêmes symptômes. Mais ne vous inquiétez pas, c’est une maladie sans gravité.

Pour en savoir plus, regardez : le reportage sur les 24 heures d’écriture 2010

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One Reply to “Scarlett Allainguillaume : Quand l’écrivain devient auteur”

  1. Sam dit :

    Voici un bel exemple d’un talent reconnu et d’un travail récompensé qui doit donner courage à tous les écrivains sur le seuil de la publication.

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