Le romancier débutant place bien souvent (à tort) l’éditeur au-dessus du lecteur. Il pense qu’un bon éditeur lira bien entendu son texte jusqu’au bout.
Le romancier débutant place bien souvent (à tort) l’éditeur au-dessus du lecteur. Il s’imagine que l’éditeur saura mieux que le lecteur comprendre le génie de son texte, génie qu’il a, par prétention, ou par le fait d’une mauvaise inspiration, placé malencontreusement dans les dernières pages de son manuscrit. Il pense qu’un bon éditeur lira bien entendu son texte jusqu’au bout. S’il ne le fait pas, c’est tout simplement qu’il fait mal son métier. Et les frustrations des auteurs sont grandes, lorsqu’ils découvrent avec candeur que leur texte n’a pas été lu jusqu’au bout.
Un défaut d’objet
Et bien autant le dire tout net : un éditeur n’a pas à s’infliger ce qu’un bon lecteur, ce qu’il est a priori, refusera de s’infliger. Les bonnes raisons pour l’éditeur-lecteur de stopper une lecture sont nombreuses. Et parmi elles le défaut d’objet (et non de sujet) du texte qu’il est en train de lire. Autrement dit si l’éditeur-lecteur ne trouve pas la réponse au « quoi ? » (quelle histoire l’auteur a-t-il voulu raconter ?) qu’il s’est posé en commençant sa lecture ou s’il se rend compte au fil des pages qu’il a été trompé, non pas sciemment, mais par maladresse ou par inexpérience, alors il stoppera sa lecture. Et de manière générale, il aura raison.
Ne pas se perdre en route
Car c’est précisément ce qu’un éditeur recherche en premier dans le manuscrit d’un auteur qu’il ne connaît pas, ainsi que sur la fiche de lecture qui en aura été faite : qu’est-ce que l’auteur a écrit ? Quelle histoire a-t-il racontée ? Le fait de ne pouvoir résumer en quelques phrases ce qu’on a lu peut révéler le premier piège dans lequel serait tombé l’écrivain débutant : il s’est perdu en cours de route !
Laure Pécher est agent littéraire, éditrice et animatrice d’ateliers d’écriture sur le roman. Découvrez un reportage vidéo sur l’atelier d’écriture de Laure Pécher sur sa page chroniqueur.
Tous les 15 jours, retrouvez sur enviedecrire.com la chronique de Laure Pécher. Elle aide les apprentis écrivains à repérer les pièges habituels des débutants et à écrire un premier roman à la structure solide.