Enfermé dans une excavation creusée sous une librairie-galerie d’art pour y passer sept jours à lire et à se filmer. C’est la nouvelle performance artistique du plasticien Abraham Poincheval.
« Où se trouve-t-on quand on lit ? » Dans quelle dimension, dans quel espace-temps ? Telles sont les questions soulevées par le plasticien Abraham Poincheval. Sa performance intitulée 604 800 secondes (soit sept jours) l’a embarqué le 20 septembre dans un étrange voyage immobile au milieu d’un trou de 62 cm de diamètre et 1,70 m de profondeur, creusé sous la librairie-galerie d’art Histoire de l’oeil située à Marseille, et bouché par un rocher pesant une tonne. Grotte d’ermite, capsule de cosmonaute, ventre maternel : autant de significations avancées par l’artiste. Il y tient à peine debout et peut tout juste s’asseoir les jambes repliées. L’artiste « voyageur » a emporté avec lui une lampe frontale, de l’eau, des aliments lyophilisés et une caméra pour se filmer, mais aussi des livres sélectionnés par les libraires. Parmi cette sélection figurent Les saisons de la nuit de Colum McCann, La ballade de l’impossible de Haruki Murakami ou encore Les jardins statuaires de Jacques Abeille.
Les images filmées sous terre sont diffusées nuit et jour sur les murs de la librairie, qui héberge la performance. « J’aime jouer sur l’idée que je suis tout près et en même temps très loin, grâce à la distanciation créée par l’image vidéo », expliquait l’artiste avant de s’enfermer.
Une proposition radicale
Cette performance s’inscrit dans le cadre du « labo HO », un concours organisé pour la cinquième fois par la galerie, et qui propose à des artistes contemporains de s’approprier l’espace. « Le concours pousse le bouchon un peu loin en offrant le lieu à une proposition radicale », reconnaît Gilles Desplanques, son directeur. « C’est une responsabilité, mais on a choisi de l’assumer ».
Le plasticien, qui réside à Marseille, n’en est pas à sa première performance mettant son corps à rude épreuve. En Espagne, il avait passé 20 jours à creuser une galerie à 3 m de profondeur, en la rebouchant au fur et à mesure de son avancée, telle une taupe. Autre performance de l’artiste : entre Digne et l’Italie, il a poussé sur de petites routes de montagne une capsule de 70 kg, dans laquelle il dormait, à mi-chemin entre le bousier et l’escargot. Il avait également traversé la France en ligne droite, de Nantes à Metz, à l’aide d’une boussole, en passant au travers des barrières et obstacles se dressant sur sa route.
(source : AFP)