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Le premier avril, je me souviens de ce jour. J’imaginais dès le matin, des petits poissons, des petits oiseaux, qui s’aimeraient d’amour tendre, et une grande valse, entraînante, et des cerises sur le gâteau, et des belles bleues, et des belles rouges, un bouquet qui emporterait les personnes vers cet élan… le grand bond de l’Esprit Rieur, ma religion… J’annonçais cette nouvelle à ma femme, je lui dis « je vais travailler le cœur léger, à ce soir, prépares tes plus beaux sourires, sois ouverte aux manifestations de la rigolade gratuite ». J’ai rencontré sur mon chemin un pingouin, ce serveur à touristes, à la suite d’une petite boutade, il m’a lancé un « tu ne changes pas ! »… Je lui ai alors répondu : « c’est ce qu’il faut, bonne journée ! ». J’essuie les verres pour qu’ils brillent, je dispose mes bouteilles d’alcool avec goût et harmonie…
Le premier avril. Pourquoi la radio m’annonce-t’elle le huit avril… Pourquoi…
La sonnerie retentit, hôpital, premier avril, votre femme Monsieur…
J’ai mon requin multicolores dans mon sac, il est pour Agnès, ma Vie…Un arc en ciel, ma vie avec elle. Je vais lui accrocher dans le dos, elle se dandinera dans la maison, je vais lui crier un : POISSON D’AVRIL, J’AIME TON SOURIRE !!!!!!!!!!!!!!!!!
Mon sourire est figé. Comme à l’habitude, j’ai révisé mon manuel de blagues et j’ai virevolté parmi ces gens qui rient, un plateau à la main, et mes potions charmantes en équilibre….
Je me souviens qu’ils se sont assis, tout sourire et m’ont commandé deux cocktails. Je les sers. Ils ne sont pas d’ici… Le couple me demande à nouveau deux potions, leurs langues se dénouent, ils rient et nous discutons, ils s’aiment, ils s’amusent, j’aime tant faire cela avec Agnès… quand nous sommes comme eux, heureux, joyeux… Et voilà que l’amoureuse du jeune homme me questionne.. c’est vrai, elle ne sait pas que le téléphone a retenti le premier avril. Tout le monde sait ici, mais elle ne le sait pas.
Je lui réponds : « nous sommes le premier avril ou le huit avril ? ». Elle rit : « Le huit voyons !!! et ce n’est pas un poisson…. ».
Mon requin « arc en ciel », Agnés ?
Olga, la serveuse, se charge de lui expliquer, la fille est attristée. Le couple d’amoureux part dîner, me lançant un petit « bye ».
Le bar a retrouvé son calme, le service est fini, il me faut du bruit ! Je décide de traverser la ville.
J’aime tant ce petit endroit, où Agnés me rejoint une fois mon travail terminé. J’y vais machinalement, cette petite place, c’est à l’angle, oui, c’est là où Agnés me sourit, ce grand sourire qui me fait la reconnaître parmi une foule de personnes.
Je rentre dans l’établissement. L’amoureuse du jeune homme est là… je n’ai pas envie de parler, elle insiste…. Elle est drôle, je l’apprécie bien, elle fera une charmante amie pour Agnès qui aime s’amuser ! Mon métier m’a appris à observer le fond du cœur des personnes, et j’ai confiance en elle, elle est saoule, j’ai toujours mon sourire figé et machinalement lance une petite blague.
Qui a eu cette idée de péage, mais c’est elle, l’amoureuse du jeune homme. En quoi consiste ce jeu ?
Elle invente un jeu…. elle veut jouer… elle aime jouer… et elle veut être proche de moi ce soir… Elle veut me donner de l’Amour Fou ! Réveiller le fou… Je ne ressens pas la fatigue, pourtant…
Elle crie dans le bar : « ATTENTION tout le monde, péage à bisous » !!!!
Son bras sur mon épaule, l’autre bras fait barrage s’appuyant sur le comptoir, elle dit : « un bisou à mon Ami, ou vous ne sortirez pas de cet endroit, vous choisissez, ou la prise d’otage, ou un gentil baiser sur le front ! ». Les habitués s’exécutent, ravis de régler ce tribut.
Je suis mort le premier avril, nous sommes le huit avril, sept jours d’insomnie et de travail, une larme coule, la douleur m’envahit, mes émotions renaissent, mon sourire figé n’est plus, je débute ma vie sans Agnès. Rire aux larmes, sentiment inconnu jusqu’alors, un peu de folie sûrement…
Fanny BLACHER