Ils soumettent leurs manuscrits à temps. Ils ne souffrent pas de blocages. Une seule chose ne va pas avec les auteurs robots : leurs récits sont déplorables.
En ce mois de novembre 2014, des milliers d’auteurs s’arrachent les cheveux pour écrire un roman en 30 jours. Ils participent à l’évènement annuel du National Novel Writing Month (NaNoWriMo). Ce marathon de l’écriture, organisé à l’échelle mondiale, a une petite soeur numérique : le National Novel Generating Month. L’objectif est ici d’écrire des codes pour générer un roman dans le même laps de temps que le NaNoWriMo. Mais les ordinateurs peuvent-ils vraiment écrire de la fiction ?
L’imagination au pouvoir
La clé du challenge est d’enseigner l’imagination à l’ordinateur. C’est là l’objectif du projet What-If-Machine (Whim), qui rassemble cinq universités européennes. Ce programme étudie les possibilités de création par l’analyse de vastes bases de données sur l’écriture. Il invertit ensuite ce qu’il a appris afin de produire une nouvelle idée. Ce sera le début de l’histoire. Les résultats correspondent à des thèmes de livres pour enfants : que se passerait-il si une petite baleine oubliait comment nager ? Que se passerait-il si un petit chat apprenait à écrire ? L’étape suivante consiste pour l’ordinateur à sélectionner les idées qui attireront les lecteurs. Pour cela, les développeurs l’alimentent en données sur les comportements humains à la réception de récits. « Nous analysions des idées pour des personnages Disney. Nous avions par exemple : Que se passerait-il si une petite chèvre avait peur de manger ? Les gens n’ont pas aimé. Ils ne voulaient pas voir la chèvre mourir », explique Teresa Llano de l’université Goldsmiths de Londres.
Le style de la machine
L’ordinateur doit également maîtriser les métaphores, le sarcasme, tout ce que nous utilisons pour ne pas dire directement ce que l’on pense. Mais il a déjà des difficultés à rendre un sens littéral convaincant… Comment lui apprendre à s’exprimer de manière figurative ? Tony Veale, de l’université de Dublin, a créé le programme Metaphor Magnet. Celui-ci produit des métaphores et de l’ironie en comparant tous les stéréotypes récoltés sur le net. Le rythme, l’intrigue, la personnalisation sont d’autres défis pour la machine. Le plus difficile à recréer demeure cependant ce que nous-mêmes lecteurs ne comprenons pas toujours : la force poétique d’une phrase, le talent unique d’un auteur, le sens de la continuité. « Il est simple de générer une histoire. Mais il est complexe de raconter de bonnes histoires. Comment faire comprendre à un ordinateur cette différence ? », s’interroge Mark Riedl, professeure à l’université de Géorgie.
Donner à un ordinateur les capacités d’écrire comme un humain revient à diviser tout le travail d’écriture en algorithmes. Même si un jour l’ordinateur devient maître de la syntaxe, rien ne dit qu’il pourra produire une intrigue plausible et haletante. Respirez, la machine qui peut écrire comme vous n’est pas encore inventée !
(Source : The Guardian ; Crédit photo : Teleread)
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