Une nouvelle chronique d’écriture de Frédérique Martin, auteur de romans et de nouvelles. À tes souhaits,est une nouvelle pour adolescents, qu’elle a publiée dans un collectif chez Thierry Magnier : Comme chiens et chats : histoires de frères et sœurs. En 2011 est également paru Le fils prodigue aux éditions de l’Atelier in8. Son prochain roman est prévu chez Belfond en septembre 2012.
Chaque mois, retrouvez sur enviedecrire.com, une chronique de Frédérique Martin qui nous parle de cet acte créateur qu’est l’écriture.
Voilà un sujet qui suscite bien des controverses. L’écriture s’apprend-elle ? A quoi sert un atelier d’écriture ? Qui choisir, auteur ou animateur ? Dans un premier temps, il s’agit de s’entendre sur ce que recherchent les participants – que j’appelle les ateliéristes – à travers ces ateliers.
On peut les suivre, pour le simple plaisir des mots, pour mener une activité de loisir au même titre que la peinture, la poterie, le yoga, ou tout autre pratique dans le but de se distraire, apprendre et découvrir. Dans ce cas, un animateur formé est tout indiqué.
Mais on peut aussi viser une amélioration de son écriture, chercher des conseils, des repères, vouloir mener plus loin des textes déjà écrits. Ou encore donner le goût de la littérature à des publics qui y sont peu ou mal familiarisés. Auquel cas, je conseillerai de privilégier un atelier mené par un auteur, lequel par sa fréquentation et sa pratique constantes de l’écriture et de la lecture, est le plus à même de répondre à cette attente.
Un encouragement à persévérer
Mon expérience en ce domaine est de deux sortes, participante dans un premier temps, puis animatrice. Dans les deux cas, je peux témoigner de la pertinence des ateliers d’écriture :
D’abord en tant que participante. À mes débuts, j’ai suivi les ateliers de Hubert Haddad, Georges Olivier Châteauraynaud, Alain Absire ou encore Christiane Baroche. Ces écrivains m’ont aidée à pousser plus loin mon propre travail, ils ont favorisé mon empoignade avec les mots. Ils m’ont ainsi permis de débusquer certains de mes travers, de saisir des nuances, des subtilités que j’aurais eu plus de difficulté à découvrir seule. En écriture comme ailleurs, on peut voir la paille chez le voisin et se fourrer le doigt dans l’œil avec exaltation dans le même élan. Quoi qu’il en soit, j’ai trouvé ce que j’étais venue chercher auprès de ces auteurs : des conseils pratiques, une lecture attentive de mes textes, l’encouragement à persévérer et même de l’enthousiasme pour ce que j’avais écrit durant ces séances.
Lire et écrire : des actes intimes
En tant qu’animatrice, j’interviens dans des milieux différents et auprès de publics variés, avec une prédilection pour la jeunesse. Je ne mène pas d’atelier au long cours, je réponds à des projets institutionnels ou privés, conçus autour d’objectifs précis. Par exemple : mener un atelier de création littéraire autour de la correspondance en me servant des moyens de communication actuels (mail, tweet, sms etc…) ou encore conduire dix-neufs garçons d’une classe de lycée professionnel à écrire des micro fictions, puis à les lire en public.
Je m’emploie à transmettre mon attachement à la langue et le caractère essentiel que revêt pour moi le principe de l’expression écrite comme prise de parole, comme assise d’une pensée et d’une voix singulières. Auprès des jeunes en particulier, apprivoiser l’écriture et la lecture, est primordial à mes yeux. Découvrir que lire et écrire sont des actes intimes, sans modèles, qui façonnent et pétrissent l’individu, lui ouvrent de nouvelles perspectives, décuplent son imaginaire, sa créativité. Apprendre qu’il faut avant tout maitriser sa boîte à outil – la langue – pour mieux s’en affranchir. Faire l’expérience qu’il ne s’agit plus de se tromper ou de réussir, mais de chercher, de risquer, de découvrir.
Tout le monde ne sera pas écrivain…
En atelier d’écriture, les dispositifs proposés sont des déclencheurs, destinés à mettre les ateliéristes en condition. Ils doivent leur permettre de s’approprier leur univers, leur expression propre. Ils ne formatent pas, en tout cas pas dans la manière dont je les conçois et dont beaucoup d’autres auteurs les envisagent également.
De là à faire des écrivains, c’est autre chose. Le talent – voire le génie – ne s’apprend pas. Il est une composante de l’individu qui échappe à toute tentative de rationalisation et dont il semble évident que certains en sont pourvus et d’autres pas. Dans mes chroniques précédentes, en retraçant mon parcours j’ai tenté de disséquer les mécanismes et les attitudes intérieures qui accompagnent le travail d’un auteur. Je ne crois pas pour autant qu’il s’agisse d’une norme ou d’un mode d’emploi garanti. Car il n’y a pas de miracle, si tout le monde peut écrire, tout le monde ne sera pas écrivain. Et aucun atelier, si performant soit-il, aucun conseil, même avisé, ne sauraient changer cette donne.
Découvrez : Le fils prodigue, la nouvelle de Frédérique Martin parue aux éditions de l’Atelier in8.
Retrouvez : Frédérique Martin sur son blog
Encore faudrait-il définir ce qu’est le talent, le génie… et ce qu’est être écrivain….
tant de notions, de concepts appelant à maintes débats passionnés et non résolus encore.
Je trouve ça limite méprisant comme conclusion même, cette affirmation, sans aucune argumentation sérieuse pour l’étayer.
Méprisant et facile.
Je suis l’écrivain, JE donne la bonne parole. Veuillez m’écoutez, Vous qui n’avez ni le TALENT , ni le GENIE pour le devenir…
J’ai toujours fui les ateliers d’écriture à cause de ce genre d’attitude élitiste. Vous ne me donnez pas envie d’essayer de vaincre de mon apriori…
« Car il n’y a pas de miracle, si tout le monde peut écrire, tout le monde ne sera pas écrivain. » Cela va sans dire, mais s’exprime mieux en l’écrivant. Le terme « atelier » est parfaitement approprié à l’écriture et il en va de même pour la cuisine, la peinture, la menuiserie, la mécanique, la sculpture…
Il est un endroit où en triturant la matière (les mots), avec une certaine technique (l’écriture) et quelques outils (le vocabulaire et la grammaire), on obtient souvent un résultat qui transcende la réalité. Oui, l’écriture comme toute discipline s’apprend, le travail et le talent font alors la différence.
C’est parfaitement exprimé, Didier.
Arwen, vous projetez sur moi vos propres a priori. Ne confondez pas la lucidité avec le mépris, ce sont deux notions différentes. Ensuite, je ne suis pas l’encyclopédie Universalis, je ne donne pas de définition. Le nombre et le contenu de mes chroniques sur ce site montrent que j’essaie de partager mon expérience. Rien ne vous oblige à me suivre sur ce terrain. Et si vous saviez lire, vous sauriez que je n’ai en aucun cas la posture d’un gourou, ni la tête d’une coucourde.
Quand on utilise des concepts aussi complexes que ceux de talent ou de génie, on les définit, madame. C’est la première chose qu’on apprend pour écrire une dissertation de lycée ou un mémoire universitaire. Et quand on est honnête intellectuellement, on se plie à cette règle afin de permettre le débat.
Et de quel droit, décrétez vous que les gens à qui vous dispensez votre bonne parole ne sont ou ne seront pas des écrivains ? Qui êtes vous pour vous le permettre ? De plus renommés que vous s’en gardent bien… et restent humbles, malgré leurs succès.
Mais je vous comprends, la flatterie de son égo est si agréable…
Continuez donc…
Arwen, vous déformez mes propos. Je ne m’engage pas sur un débat qui part d’une interprétation plus que douteuse de ce que j’ai écrit. Je redéfini donc pour vous : les ateliers d’écriture ne sont pas des lieux dont on ressort en étant assuré d’être/de devenir écrivain. Car, il y a une part inexplicable qu’on appellera le talent/le génie et qui ne s’apprend pas, qui ne se transmet pas, qui fait partie de l’individu et que tous les individus n’ont pas. De même que tous les individus n’ont pas de talent/de génie pour la cuisine, l’entrepreneuriat, l’enseignement, la politique, le jardinage, la broderie etc…
C’est vous qui êtes méprisant dans le fond comme dans la forme. Et qui ne cessez de mettre l’égo au centre de la conversation. Je sais qui je suis et où je me situe et ce n’est en aucun cas là où vous voudriez me mettre.
Bonjour Frédérique,
Ouais, là, je confirme, avant cet atelier 2010 à Beauzelle, j’étais peinard dans mon coin à griffonner – de temps à autre – quatre vers boiteux et quelques écrits placides.
Ben, maintenant, voilà que c’est l’enfer, me faut écrire tous les jours à gâter papiers et claviers qu’avaient rien demandé !
Alors, vous qui hésitez encore : fuyez les ateliers d’écriture, et par dessus tout ceux de Frédérique – les meilleurs – : phrasophobes de tout poil, il en va de votre survie !
Une bise quand même, bon…suis pas rancunier.
Jean-Claude P.
Dans d’autres arts, on parle de « master class », avec le recul je m’aperçois que les ateliers d’Alain Absire, Christiane Baroche, Georges Olivier Châteauraynaud ou Jean-Noël Blanc (un plaisir !) tenaient de la master class. Les deux parties — le maître et l’élève — sont là, ensemble, durant une semaine. L’un, modestement (ils l’étaient tous), fait état de ce qui est important à ses yeux. L’autre absorbe ce qui lui est utile en l’appliquant. Il y a aussi les ateliers dont tu parles auprès de publics variés. Arwen, aucun professeur de maths ou de chant n’a la prétention que tous ceux à qui il enseigne deviennent des génies dans leur art. Tout juste est-il là à un moment, en espérant que ce soit le moment opportun… je crois qu’en plus de l’engagement de chacun, maître et élève, écrivain et aspirant écrivain, le bon moment est crucial, le moment où l’on est prêt à recevoir (ok, ça fait catho), capable de recevoir, on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif !
Ah Jean-Claude, c’est terrible, n’est ce pas ? Mais tu avais quand même le virus en arrivant, si je me souviens bien. Merci en tout cas, je suis contente d’avoir de tes nouvelles.
Gilles, toi qui as suivi les mêmes ateliers que moi, tu sais qu’on en garde le souvenir longtemps après. Tu as raison de souligner qu’il y a aussi une question de moment, de rencontre, de synchronicité.
Gilles…
Moi, je ne parle pas de talent, ni de génie, nuance…
Ensuite comparer des maths au fait d’écrire… ça se passe de commentaire.
Quant aux maitres qui ne supportent pas la critique faites par leurs élèves, ils ne m’inspirent guère…
Je vous laisse donc écrire en rond entre vous.
Arwen, pourquoi s’énerver ainsi alors que nous ne savons rien de nos projets réciproques ? Perso, j’essaie d’écrire des histoires. Je ne me suis jamais posé la question du talent ou du génie, j’essaie tout juste de raconter de la façon la plus juste intérieurement et la plus intéressante pour que le lecteur ait envie de poursuivre. Bonne poursuite à vous.
Bonjour,
j’aimerais faire un stage d’écriture cet été. Quelqu’un a-t-il déjà tenté l’expérience? si vous avez de bonnes adresses je suis preneuse. merci +++
Cher(e) ? Arwen,
Je comprends ce que vous ressentez. Et je comprends également les réactions de Frédérique Martin. Effectivement, personne n’a le droit de dire à un écrivain en herbe qu’il n’a pas assez de talent pour devenir « écrivain ». Quand on lit ce qui est écrit à l’heure actuelle, il faut croire que le mot « écrivain » ne signifie plus grand chose. Je crois que ce que Frédérique a voulu dire est que malgré le travail, n’est pas talentueux qui veut. Mais tout ceci est tellement subjectif ! Le talent d’untel peut nous laisser parfaitement froid et celui d’un autre nous émouvoir profondément. On retrouve ce principe en musique. Certains crient à la mascarade, d’autres au génie.
Quoiqu’il en soit, Arwen, écrivez encore et encore et peu importe ce qui est dit sur votre travail, l’important est d’aller au bout de son propre chemin, celui des autres, on s’en fiche. Soyons tolérants envers les uns les autres sans se marcher dessus. Rappelons que l’écriture est un beau vecteur de tolérance et de paix.