Max Obione : Chez les écrivains, l’inspiration est un muscle

L’acte d’écrire est une expérience unique et intime, entre disposition et travail. Max Obione nous parle ici de la relation entre l’auteur et l’écriture. Chaque mois, retrouvez sur enviedecrire.com, une chronique de Max Obione qui nous raconte sa passion pour l’écriture. Son dernier livre Scarelife est paru aux éditions Krakoen en mars 2010.

Si vous avez manqué le reportage vidéo présentant Max Obione, retrouvez-le sur : sa page chroniqueur.

Dans son film A la rencontre de Forrester(2000), Gus Van Sant nous montre un grand écrivain, ayant écrit un unique roman, toujours best-seller depuis trente ans. L’auteur d’Avalon landing (Prix Pulitzer) vit reclus dans un appartement du Bronx à New York. Ce vieil ours refuse tout contact sauf qu’un jour il ouvre sa porte à Jamal, un adolescent ayant quelques dispositions à l’écriture. Petit à petit ces deux personnages s’apprivoisent, une amitié se noue. Commence alors la transmission de l’un à l’autre : l’apprentissage de Jamal. Quelques scènes sont éclairantes pour illustrer cette chronique. On voit notamment Forrester (Sean Connery dont la beauté se bonifie avec l’âge) ayant repris sa machine à écrire, en train de taper un texte à toute vitesse, son visage auréolé d’une jubilation lumineuse. Il incite Jamal (joué par un jeune acteur noir remarquable) à taper de même sur son clavier Qwerty. Dans sa bouche, ces paroles en substance : Ecris, écris, chaque jour, sans retenue, sans prévention, un premier jet, un premier jus, sans réfléchir, guidé par ta passion, ton instinct, l’inspiration est au bout…

La joyeuse vélocité de la frappe sur l’Underwood (I presume !) m’a fait penser à un footing matinal, à un entraînement physique du corps comme s’il fallait muscler l’inspiration comme un mollet.

L’expérience unique

Cette fiction filmique porte le témoignage d’une expérience qui n’est pas forcément reproductible et ne saurait constituer une recette exclusive pour écrire un best-seller, bien évidemment. Mais elle illustre un fait : chaque auteur est conduit à trouver lui-même sa manière, sa méthode, son chemin de création. On peut ajouter ses jalons que constituent les rites, les manies, les horaires, les lieux de prédilection. Surtout le temps et le lieu propices.

L’acte d’écrire est une expérience si intime, puisant son ressort au tréfonds de sa propre personnalité, qu’il serait illusoire de prétendre qu’il suffirait de suivre quelques leçons données par un professeur, fût-il un écrivain hors pair, pour créer un artefact littéraire digne de ce nom.

De même, la désillusion serait au rendez-vous si vous plongiez votre nez dans Devenez écrivain en dix leçons par Bernard Duchmol ou Comment écrire un polar par Russell Blark. En revanche, s’inscrire à un atelier d’écriture tenu par un écrivain expérimenté qui exposera « sa manière à lui », ses doutes, ses difficultés… pourrait être profitable. Votre collection de pratiques s’enrichirait alors d’un nouvel article.

La lecture avant tout

Il s’agirait en effet pour la personne que l’envie d’écrire taraude de collectionner les expériences des écrivains qui sont aussi variées que possibles pour en découvrir – au moins – une correspondant à son tempérament. Outre la lecture, la lecture, la lecture encore… et encore, fruit de milliers d’expériences créatrices des auteurs, qu’ils soient des génies de la littérature ou qu’ils soient d’honnêtes tâcherons, que les œuvres soient des chefs-d’œuvre ou des compositions gentillettes, les exercices « musculaires » en matière de style ne sont pas à négliger.

A cette fin, courir sans relâche les concours de nouvelles pour solliciter votre imagination dans le cadre contraint du thème imposé, expérimenter vos approches romanesques et varier votre style, est une suggestion utile. La nouvelle littéraire est une école concrète pour les auteurs en germination.

Une flamme au fond de soi

Au début de cette chronique, j’ai utilisé à dessein le mot « disposition » pour ne pas utiliser le mot « don » qui renvoie ouvertement à l’inné. Ne nous leurrons pas, le travail ne suffit pas s’il n’y a pas ce petit éclat originel, cette étincelle primale, cette impulsion créatrice. On entend souvent dire qu’écrire un roman, c’est 5% d’inspiration et 95% de travail. Certes la proportion peut varier selon les auteurs, mais rare sont les écrits coulant de source. La rature et la réécriture sont les deux concubines que l’écrivain peine à plaquer. En résumé : un don sans travail ou un travail sans don devrait conduire à s’abstenir d’entamer un destin de littérateur.

Maintenant, il est temps que je me déboutonne et révèle ma propre pratique en matière de polar précisément. Le roman de genre a ses codes, les connaître pour mieux les subvertir, par jeu ou par nécessité, n’est-ce pas s’ouvrir un terrain d’aventures ?

Ce sera l’objet de ma prochaine chronique. Suspense… !

Retrouvez Max Obione sur son blog : ça déblogue un max

Pour découvrir Scarelife, le dernier roman noir de Max Obione, rendez-vous sur : le site Internet des éditions Krakoen.

Découvrez aussi Balistique du désir, le recueil de nouvelles de Max Obione.

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