L’écrivain américain Paul Auster a d’abord été poète avant d’être romancier. Il est considéré comme l’auteur du hasard et de l’errance. Son roman Léviathan (ed. Actes Sud) a été récompensé du prix Médicis étranger en 1993.
Quelles sont vos stratégies d’écriture ?
Je suis une trajectoire lorsque j’écris. Chaque texte commence à la première phrase et finit à la dernière. Je travaille par séquences, paragraphe par paragraphe. Le paragraphe est pour moi l’unité du roman, comme le vers l’est en poésie. Je travaille dessus jusqu’à en être raisonnablement satisfait. Je le réécris jusqu’à ce qu’il ait la bonne forme, le bon équilibre, la bonne musique. Il faut que le texte paraisse fluide, « non-écrit ». Un paragraphe peut prendre une heure comme trois jours. J’ai souvent la première et l’ultime phrase de mon récit en tête, mais les choses changent au fur et à mesure. Aucun de mes livres n’a abouti comme je l’avais préalablement envisagé. Des personnages et des situations disparaissent, d’autres surgissent. Vous découvrez votre livre en l’écrivant, c’est une aventure. Ce ne serait pas très intéressant si tout était planifié.
Faut-il être un grand lecteur pour écrire ?
Pour moi, un auteur a nécessairement été un lecteur vorace à l’adolescence. Un véritable lecteur comprend que les livres contiennent un monde, et que celui-ci est plus riche que tout autre. C’est cette joie de vivre dans les livres qui transforme les jeunes personnes en écrivains. Vous n’avez pas encore assez vécu pour avoir beaucoup écrit, mais il arrive un moment où vous réalisez que vous êtes fait pour ça. Et chaque écrivain a besoin d’un lecteur de confiance. Quelqu’un qui désire que votre livre soit le mieux possible, et est honnête avec vous. Il ne ment pas, ne vous félicite pas lorsque c’est mauvais.
Quelle est votre vision du roman ?
Ecrire un roman est pour moi un acte de foi. Il faut présenter les choses telles qu’elles sont, et non telles qu’elles devraient être. Les romans sont des fictions, et racontent des mensonges. Même si à travers eux, le romancier tente de dire la vérité sur le monde. Le travail de l’imagination confère une liberté impossible en non-fiction. Mais cette liberté peut être effrayante. Quelle sera la suite ? Comment puis-je savoir que la prochaine phrase ne sera pas un mur ?
Quel est le principal défaut des jeunes écrivains ?
L’égoïsme, l’incapacité à se projeter vers les autres. Il est primordial d’avoir les yeux ouverts sur le monde au lieu de se regarder le nombril. Les écrivains doivent prêter attention à tout ce qui se passe autour d’eux. C’est parfois difficile.(Sources : The Paris Review, Big Think ; Crédit photo : Daily News)
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Dans le cadre du Salon du livre de Paris 2010, Paul Auster et Emmanuel Carrère évoquent ensemble leurs souvenirs de jeunes écrivains et lecteurs de romans. En savoir +
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