Kazuo Ishiguro est un écrivain et romancier britannique d’origine japonaise. Il a reçu le Booker Prize, prix littéraire très convoité au Royaume-Uni, pour son roman Les Vestiges du Jour (ed. 10/18, 1989).
Comment travaillez-vous vos brouillons ?
Je préfère écrire les premiers jets au stylo. Je veux qu’ils soient plus ou moins illisibles pour tout autre que moi ! La première ébauche est un grand bazar. Je ne prête aucune attention au style et à la cohérence. J’ai simplement besoin de tout coucher sur papier : même si une idée très éloignée du texte me vient à l’esprit, je la note. Puis je structure mon récit à partir de ce brouillon. Je numérote des sections et les organise. J’ai ainsi une vision plus précise de mon travail à l’ébauche suivante. A partir de ce moment, j’écris avec beaucoup plus d’attention.
Quelle est l’importance de la description dans un roman ?
Un romancier n’a pas besoin de décrire très précisément. Vous pouvez évoquer des images avec un petit nombre de mots clés. Vous pouvez bricoler avec des stéréotypes que vous juxtaposez de manière surprenante. C’est là une grande différence entre l’écriture contemporaine et celle du XIXème siècle, lorsque vous deviez absolument tout dire. Mais si vous décrivez un voyage au Congo, vous devez être très précis. En effet, la majorité des lecteurs n’aura pas d’images à l’esprit, hormis peut-être grâce à quelques photos (voir notre article Comment bien écrire une description ?)
Qu’est-ce que cela change d’utiliser un narrateur féminin et différents niveaux de langue ?
Je n’ai aucun problème à utiliser un narrateur féminin. Créer un personnage fictif demande toujours tellement d’imagination que le genre de celui-ci est simplement une partie de ce travail. Et ce n’est pas le défi le plus complexe ! L’usage de différents langages selon les personnages s’apparente quant à lui à de la technique. Comme lorsque des acteurs jouent avec des accents variés. La difficulté n’est pas de parvenir à une langue plus commune ou plus formelle selon le but fixé, mais de trouver celle qui correspond au personnage. Le lecteur doit pouvoir comprendre le personnage par ce qu’il fait, mais aussi par la manière dont il pense et s’exprime (voir notre article Comment révéler la personnalité de vos personnages ? ).
Vous écrivez des « romans universels ». Comment faites-vous ?
Je pense qu’un roman dit universel contient une vision de la vie intéressante pour des lecteurs d’origines diverses, dans le monde entier. Les personnages peuvent aussi bien voyager sur tous les continents que rester dans une petite ville, ce n’est pas le plus important. Il faut utiliser le langage des rêves. Tout le monde s’identifie, quelle que soit la culture. Ce langage me permet d’écrire des récits que les gens liront comme un conte métaphorique. Je ne m’adresse pas à une société en particulier. Mes écrits reposent sur les parallèles entre mémoire et rêve, et sur la manière de les manipuler en fonction des émotions à convier dans l’histoire.
(Sources : The Paris Review, Bookbrowse ; Crédit photo : Geraint Lewis)
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