Les secrets d’écrivain de Jean d’Ormesson

Jean d OrmessonAlors qu’il a fêté ses 90 ans en juin 2015, Jean d’Ormesson, membre de l’Académie française, journaliste et auteur, est toujours l’un des écrivains les plus populaires en France. Son parcours de journaliste l’a mené notamment au journal Le Figaro dont il a été directeur général pendant plusieurs années. En 1971, il a reçu le Grand prix du roman de l’Académie française avec La gloire de l’Empire qui marqua le début de ses succès littéraires. La dimension autobiographique est souvent très présente dans ses romans. En janvier 2015, les éditions Gallimard ont annoncé l’entrée de l’œuvre de Jean d’Ormesson au sein de la collection de la bibliothèque de la Pléiade. Il parle ici de sa relation à l’écriture et donne des conseils aux jeunes écrivains.

(…) Votre premier texte date de 1948. A quel âge avez-vous su que vous seriez écrivain?
Très tard. J’avais vingt-neuf ans.

Vingt-neuf ans, vous trouvez que c’est tard !
La plupart de mes amis ont écrit à quinze ou seize ans. Et Françoise Sagan a publié Bonjour tristesse à dix-neuf ans ! Moi, à dix-neuf ans, j’envoyais un mauvais article au Monde. J’étais passionné par la littérature, attiré par le journalisme, mais je n’aurais jamais osé écrire. Mon premier livre date de mes vingt-neuf ans. Je l’ai écrit sous les ricanements de mes camarades d’école. C’est que j’étais normalien et on ne rigole pas, à Normale sup : il faut de l’érudition ; écrire un roman, c’est ridicule. Mes premiers romans n’ont pas connu un succès formidable, avouons-le.

Pour quelles raisons, selon vous?
C’est très simple : ils n’étaient pas assez bons.

En soixante ans de vie littéraire, avez-vous connu des moments de découragement ?
La littérature, c’est comme le mariage : les quarante premières années sont difficiles, mais après, ça va tout seul. Non, je n’ai jamais eu de grandes difficultés à écrire. On m’a beaucoup reproché d’avoir souvent écrit mon dernier livre. Il est vrai qu’il y a eu un adieu à la littérature (Au revoir et merci). Et, lorsque j’approchais les soixante-dix ans, alors que ma santé était peut-être un peu moins bonne qu’aujourd’hui et que j’avais, aussi, traversé quelques chagrins, j’ai écrit C’était bien. Je pensais, très honnêtement, que ce serait mon dernier livre. Ce ne fut pas le cas. En fin de compte, j’aurai partagé ma vie entre littérature et journalisme. Je pense véritablement que l’opposition entre journalisme et littérature est très forte. Naturellement, il y a eu quelques écrivains qui furent de grands journalistes et inversement : Hérodote, Xénophon, Victor Hugo (celui de Choses vues), Mauriac, Kessel… Mais l’opposition entre journalisme et littérature est réelle. Le journalisme, c’est une équipe. (…) Le journaliste, c’est une équipe ; l’écrivain est toujours seul. Mais la différence principale est ailleurs : l’écrivain pense à la mort.

Qu’est-ce qu’un bon écrivain ?
C’est d’abord un style. Beaucoup de gens arrivent chez les éditeurs et disent : « J’ai une histoire merveilleuse. » Mais ce ne sont pas les histoires merveilleuses qui font les écrivains, c’est le style.

Est-ce que le style, c’est l’homme ?
Le style, c’est la littérature. Mais il ne faut pas aller trop loin. Je pense que le formalisme, qui écarte tout ce que les Américains font si bien, c’est-à-dire raconter une bonne histoire, est très dangereux parce que cela éloigne le public. Mais il est vrai que ce qui dure, dans un livre, c’est le style. On n’écrit pas avec des histoires, on écrit avec des mots. Et les écrivains qui tiennent, qui traversent le temps, et ne parlons même pas des plus grands mais de Mérimée ou de Voltaire, ceux-là tiennent parce qu’ils ont un style et non pas parce qu’ils ont des histoires merveilleuses. Les histoires ne font pas l’écrit.

Quels conseils donneriez-vous à un jeune écrivain ?
Surtout pas de journalisme ! Il vaut mieux être banquier ou chauffeur de taxi pour être écrivain. Vous savez très bien qu’être journaliste et écrivain, ce sont deux métiers hystériques et qui se tuent l’un l’autre.
(Propos extraits d’une interview parue dans le magazine Lire d’octobre 2009)

Retrouvez l’intégralité de l’interview de Jean d’Ormesson sur le site du magazine Lire

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