Donna Tartt a publié trois romans en 21 ans. En France, ils sont tous traduits chez Plon : Le Maître des illusions, Le Petit Copain et Le Chardonneret. Ce dernier lui a valu le prix Pulitzer de la fiction en 2013.
Quelle est votre façon d’aborder la genèse d’un livre ?
En tant qu’écrivain, je me compare plus à un oeil qu’à une oreille. Je perçois le monde à travers le regard. Puis je ne cesse de prendre des notes dans des carnets. C’est un véritable bazar. Si vous regardiez mes notes, vous vous diriez que je suis folle, que cela ne peut aboutir à un roman. Tenter d’expliquer ce phénomène aux gens revient à essayer d’expliquer un rêve. Lorsque j’écris, je suis capable de visualiser toute la situation. Je suis spectatrice du monde, puis de mon écriture.
Vous mettez des années à publier. Pourquoi ?
Je suis une miniaturiste. Je peins un mur avec un pinceau de la taille d’un cil. Je travaille très précisément les détails sur un grand espace et durant une longue période. Voila pourquoi je mets tant de temps à écrire. Je préfère écrire un très long texte en y laissant toute mon énergie et tout mon temps plutôt que d’enchaîner les petits projets. J’ai essayé de travailler plus vite, mais cela n’était pas naturel. Je ne prendrais aucun plaisir à publier tous les trois ou quatre ans. Or l’enthousiasme de l’auteur au moment de la rédaction conditionne l’enthousiasme du lecteur à la réception.
Quel est votre objectif lorsque vous écrivez ?
Mon objectif principal est de toucher les gens, individuellement, car chaque lecteur est singulier. Un livre est une personne parlant à une autre. Lorsque j’écris, j’ai l’impression de murmurer à l’oreille de quelqu’un plutôt qu’à un groupe de gens. Vous savez, un texte représente une vie différente. J’écris sur les autres car je veux vivre leurs vies. Et c’est très amusant pour moi, mais aussi pour le lecteur.
La part d’obscurité est-elle primordiale dans un texte ?
Le livre contient plus d’enjeux s’il déploie un élément de danger, d’incertitude. C’est plus amusant, pour l’auteur comme pour le lecteur ! Perdre pied, faire face à une situation que l’on n’avait pas anticipée… Mais la part de lumière est aussi importante que le côté sombre. Je tiens à écrire sur les deux extrémités de l’échelle.
(Sources : The Telegraph, Salon, Powells, Goodreads ; Crédit photo : South Florida)
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J’ai connu Donna Tartt dans un petit hôtel parisien il y a un paquet d’années et j’en garde un souvenir ému.