Tous les livres valent-ils la peine d’être écrits ? Le rédacteur en chef du New York Times pense que non. Surtout quand il est signé par un de ses journalistes.
On ne compte plus les livres écrits par des journalistes. Economie, politique, histoire, sports, etc. : la plupart du temps, il ne s’agit pas d’œuvres de fiction, même si certains s’essayent parfois au roman ou à la nouvelle.
« Au moins je récupérerais mon équipe ! »
Quand un de ses reporters demande une disponibilité pour écrire un livre, Bill Keller, rédacteur en chef du New York Times, refuse rarement. Non sans avoir essayé avant de l’en dissuader : « Je lui rappelle patiemment que le marché du livre est à l’agonie, que l’écriture est une vraie souffrance, que les critiques sont souvent très mitigées et les ventes, mauvaises, mais rien n’y fait, se lamente-t-il. Pas même le récit de mes propres échecs littéraires. »
Sur un ton mi-badin, mi-sérieux, il en vient même à souhaiter la mort du livre, et confesse ainsi « un soulagement coupable » à voir la situation économique du marché du livre se dégrader. « S’ils venaient à disparaître, je serais triste bien sûr – et mes enfants aussi d’ailleurs, confie Bill Keller. Mais la mort des livres aurait au moins le mérite de mettre fin à l’envie irritante qu’on la plupart de mes employés d’en écrire un. Au moins je récupérerais mon équipe ! »
« Echapper aux choses éphémères, puériles, sans intérêt »
Bien évidemment, les réactions à cet édito ont été nombreuses sur le site du quotidien new-yorkais. Certaines pour exprimer leur sympathie à l’égard des problèmes de RH du rédac’ chef. D’autres au contraire très virulentes à son encontre.
« En tant qu’ancien journaliste, et auteur jusqu’à présent de quatre romans, je tiens à vous expliquer pourquoi je me suis tourné vers l’écriture », annonce par exemple un certain Bruce Watson. « L’écriture, ainsi que les recherches que l’on effectue pour un roman, permettent à un auteur d’échapper aux choses éphémères, puériles, sans intérêt, qui polluent le quotidien, poursuit-il. La lecture d’un bon livre apporte ce même genre d’élévation. Quel dommage, donc, si les gens arrêtaient d’écrire et d’acheter des livres et se contentaient de vivre leur vie à la surface. »
Mais, heureusement pour lui, Bill Keller sera bientôt soulagé. Le 1er septembre, il quitte ses fonctions de rédacteur en chef. L’homme entend se consacrer à sa nouvelle passion : l’écriture…
(d’après The New York Times)
Bien sûr, il est difficile de concilier l’écriture d’un livre et l’exercice d’une activité professionnelle. Mais faut-il pour autant attendre l’heure de la retraite ou une période de chômage pour écrire ?
Pour ma part, on ne demande pas un congé sabbatique pour écrire un livre, mais plutôt une disponibilité pour franchir le cap de l’édition. Les écrits sont en place depuis longtemps, mais la touche finale demande une plus grande concentration et par voie de conséquence … une plus grande disponibilité.