Chez les éditeurs indépendants, l’attitude d’Amazon, géant de la librairie en ligne, pose question. Et comme dans tout débat, il y a des pro et des anti.
Le jeu en vaut-il la chandelle ? C’est la question que se posent certains éditeurs indépendants quand ils pensent à Amazon. Lyne Mitchell, directrice fondatrice de la maison d’édition britannique Linen Press, en fait partie.
Décidée à ne faire aucune concession sur la qualité des cinq ouvrages qu’elle édite par an, elle dépense sans compter. « Je veux que mes livres soient éblouissants sur le plan visuel, donc j’emploie un concepteur les meilleurs graphistes, argumente-t-elle. Et je fais de même pour les correcteurs, car les fautes d’orthographes ou les erreurs de typographie ont vite fait de vous coller une mauvaise réputation. »
Des prélèvements exorbitants ?
Pour vendre ses ouvrages, elle compte ensuite sur les librairies, son site Internet… et Amazon. Et c’est là que le bât blesse. « Ce qu’Amazon ne dit pas à ses clients, c’est qu’ils prélèvent 60 % sur le prix de vente, dénonce-t-elle. Ils ne se vantent pas non plus de l’obligation imposée aux éditeurs de payer les frais postaux pour leur envoyer les livres. »
Au final, Lyne Mitchell dit ne pas gagner d’argent quand elle réalise une vente via le géant de la librairie en ligne. Pire, elle en perdrait. Ce qui lui fait dire : « Amazon a peut-être un très vaste catalogue, mais sa politique ne contribue en fait qu’à réduire l’éventail de choix, en mettant en difficulté les petits éditeurs comme moi. »
Sur un pied d’égalité ?
« Des méchants, qui nous rendent la vie difficile, il en existe… Mais Amazon ne fait pas partie de ma liste », confie pour sa part Kate Nash. Elle aussi éditrice indépendante, chez Myrmidon, elle réfute l’idée selon laquelle Amazon abuserait de sa position dominante sur le marché : « Ils demandent effectivement de grosses réductions, mais elles n’affectent pas la part des éditeurs, ni celle des auteurs », rassure-t-elle.
Et contrairement à sa consœur, elle voit en la plateforme un outil « vital » pour son métier. « Amazon donne accès à un marché mondial, ce qui n’est pas le cas des librairies », avance-t-elle. Autre avantage selon elle : les éditeurs indépendants y disposent de la même visibilité que les grosses maisons. « Les petits éditeurs n’ont pas les moyens de se payer des campagnes de promotion, regrette Kate Nash. Avec Amazon, tout le monde est sur un pied d’égalité. Et, du coup, la durée de vie commerciale des livres y est plus longue. »
Pas de problème d’invendus
L’éditrice de chez Myrmidon se félicite aussi de ne pas avoir à stresser à cause des invendus. Car, explique-t-elle, « le problème avec les libraires, c’est qu’ils commandent des livres, les paient, les vendent dans leurs boutiques… Et puis, des mois, voire des années plus tard, ils vous renvoient ceux qui leur restent sur les bras et exigent d’être remboursés ». Une situation que Kate Nash vit très mal : « On est préparés à voir revenir la moitié des exemplaires imprimés, mais ça me tue à chaque fois de me dire que le chiffre d’affaires d’un mois peut être ruiné par des retours de stocks. »
(d’après The Guardian)
Merci pour cet article très intéressant. Moi qui commande régulièrement sur Amazon, je suis intéressé par « l’envers du décor ».
La relation entre les petits éditeurs et Amazon est-elle la même en France? Comme l’article vient du Guardian et que les exemples concernent des éditeurs britanniques, je me demandais si ces difficultés se rencontrent aussi en France, où la réglementation est sans doute différente.
Amazon ne présente aucun intérêt pour un petit éditeur.
– Amazon copie systématiquement les parutions de nouveautés sur les sites professionnels tels que DILICOM ou ELECTRE sans parler de la BNF.
Ceci leur permet de dire que leur site est exhaustif pour TOUS les livres parus ce qui est vrai. Par contre, comme ils font 5% de remise (soit le maxi autorisé) et le port gratuit, ils n’ont aucun intérêt à livrer des livres commandés à l’unité. J’explique:
Un livre à 15€ commandé par eux à l’unité leur coûte :
15€ remise 30% = 10,50 + 2€ forfait de port réduit Bordulot = 12,50€ TTC soit 11,95€ HTVA
Ils vendent ce même livre 15€ remise 5% = 14,25 € ttc soit 13,51€ HTVA port payé. En supposant qu’en fonction de leur volume ils bénéficient de frais de port réduits à 2€ (alors que par la poste c’est plutôt autour de 3€) ils le vendent donc en réalité 13,51 – 2 = 11,51€ HTVA. Sans compter les frais administratifs de commande, de réception, de réemballage…. Ils perdent déjà de l’argent…
Même avec une remise de 50%, que je ne suis pas d’accord pour leur consentir pour des commandes à l’unité, ce ne serait pas non plus rentable pour eux.
J’ai essayé, ainsi que quelques uns de mes édités, de commander un livre de mes éditions sur Amazon pour me voir répondre par mail, en résumé:
– Étape 1: “nous avons enregistré votre commande pour laquelle le délai est de trois semaines…”
– Étape 2 après trois semaines: “l’éditeur n’étant pas en mesure de livrer le livre commandé nous annulons cette commande”
Résultat: sauf à être exceptionnellement persévérant le lecteur s’est lassé et il est perdu.
En outre c’est de la publicité mensongère… Ils annoncent, pour mon dernier livre édité sorti le 14 avril, qu’ils ont en stock 3 neufs et un occasion (sic)… c’est n’importe quoi!
Dans tous les cas un lecteur qui cherche un de mes livres sur un moteur de recherche tombe systématiquement aussi sur mon site de vente et sa commande lui est expédiée sous 24h.