Certes, l’angoisse de la page blanche concerne en premier lieu les écrivains qui se retrouvent bloqués et en mal d’inspiration. Mais comment font les éditeurs quand leurs auteurs se retrouvent dans cette situation de crise ?
Pour compléter l’article sur les stratégies élaborées par les écrivains pour faire face à l’angoisse de la page blanche paru dans le quotidien français Le Monde, Alain Beuve-Méry a demandé aux éditeurs comment ils gèrent cette situation délicate :
L’éditeur, une présence silencieuse mais à l’écoute
Que faire quand un écrivain est en panne ? Les éditeurs ont-ils des moyens pour aider leur poulain à franchir l’obstacle, à vaincre le syndrome de la page blanche. » Je les masse à la bière, comme le boeuf de Kobé « , dit en riant Olivier Rubinstein, patron de Denoël. De fait, s’il y avait une solution miracle, des » pilules de bien-être « , selon l’expression de Jean-Marie Laclavetine, cela se saurait ! » A chaque auteur de faire fructifier son angoisse qui est aussi son fonds de commerce « , précise l’éditeur de Daniel Pennac, Muriel Barbery, Tristan Garcia, Jean-Baptiste Del Amo et bien d’autres, chez Gallimard. » Cultiver l’angoisse de l’auteur sans la faire croître, c’est tout l’art du bonzaï « , poursuit-il. Car il s’agit aussi de ne pas trop calmer l’auteur : » La création naît de l’inquiétude. Un écrivain ne peut pas vivre dans le calme. «
Plus que l’angoisse de la page blanche, c’est celle de la page tout court qui étreint les romanciers. Ils sont nombreux à noircir des cahiers ou à faire cliqueter leur clavier et, au bout du compte, à ne pas être satisfaits du résultat. Dans ce cas, le rôle de l’éditeur se résume bien souvent à une présence : être là, simplement à l’écoute. » Est écrivain celui pour qui l’écriture est vitale et ne constitue pas un passe-temps ; à partir de là, je lui accorde ma confiance « , résume Bernard Barrault, qui codirige Julliard avec Betty Miallet. A l’exception peut-être de Philippe Besson, tous les auteurs qu’il suit depuis plus de vingt ans ont traversé des moments de blues. Il se souvient ainsi de Jean Teulé lui annonçant un jour au téléphone qu’il devait » jeter le livre « sur lequel il travaillait – et il avait raison, dit-il. De la même manière, les auteurs suivis par Jean-Claude Fasquelle se souviennent des silences du PDG de Grasset qui étaient sa manière à lui de marquer sa confiance.
» Un livre, c’est un tout «
La panne chez les écrivains est quelque chose de naturel. » S’ils arrivaient à écrire tous les jours, cela serait dangereux « , estime Irène Lindon, patronne des éditions de Minuit. D’ailleurs, les éditeurs sont loin d’être tous dans la confidence. Pour elle, » un livre, c’est un tout « , et elle n’en prend connaissance que dans sa forme achevée. Mais, comme le lui a rappelé un jour un de ses auteurs, dans » maison d’édition « , le mot qui compte est » maison « . » Je suis là pour tous les auteurs de Minuit. Ils viennent quand ils veulent « , ajoute-t-elle.
Les auteurs sont pudiques, constate Bernard Comment, qui dirige la collection » Fiction & Cie » au Seuil. » C’est rare qu’un auteur vous avoue qu’il est en panne. « Lui non plus n’aime pas lire un bout de manuscrit, sauf si l’auteur lui en fait la demande expresse. » La panne appartient au processus de maturation de l’oeuvre. Dans une écriture portée par la nécessité, elle en constitue le revers, dit-il. Ce travail est aussi important que les silences dans la musique. « Bernard Comment s’efforce aussi d’être toujours dans le positif avec l’auteur qui se débat dans les affres de la création. En outre, étant lui-même auteur, il est passé par les mêmes épreuves et cette communauté d’expérience sert de ciment.
» Quand un auteur est en panne, son cerveau continue de tourner « , rappelle Karina Hocine, directrice littéraire chez Lattès. De fait, l’écrivain est à la fois le malade et le thérapeute. Difficile, dans ces conditions, de s’immiscer dans la partie intime de l’oeuvre. Reste le conseil que Michel Déon s’appliquait à lui-même : » Avoir toujours deux livres en route. «
Cet article a été écrit par Alain Beuve-Méry pour l’édition du Monde du 21 janvier 2011 (cahier Monde des livres)
Je vais vous donner ma réponse. Un écrivain connu qui ne sait plus comment faire pour écrire parce qu’il n’a plus d’idées, eh bien, il paye une « nègre » et puis c’est tout. C’est comme ça que la majorité s’en sortent. Ils signent le livre et le refilent à l’éditeur et le tour est joué. C’est ainsi que l’on se retrouve avec un livre de « tel auteur très connu et apprécié » et que l’on ne retrouve pas le style de l’auteur. On est alors écœuré et on n’a plus envie de lire ce livre-là qui a été écrit par quelqu’un d’autre et don c ne ressemble plus à rien de ce qu’on a connu de cet auteur. Mais lui il a ainsi un livre qui va se vendre, dont il touchera les revenus et tout le monde sera content.
Pourquoi un écrivain qui a écrit un ou plusieurs livres qui se sont bien vendus, devraient-ils sans arrêt pouvoir trouver quoi écrire d’autre ? Pour moi qui ai écrit quatre livres qui n’ont pas été édités par les grands ou petits éditeurs, j’ai parfois une idée pour écrire une histoire valable tout en sachant qu’elle ne sera pas publiée.
Sincères salutations,
Lydia CHAMARIE
Sans oublier que ces auteurs à court d’inspiration ( quelques-uns seulement, heureusement) iront piocher de bonnes idées dans les manuscrits refusés des différents comités de lecture éditions, radio, concours, etc.
En France, l’emprunt intellectuel est une pratique assez commune, mais chut… ne vous découragez pas auteurs en herbe, les éditeurs peuvent aussi avoir la main heureuse et faire honnêtement leur boulot de marchands de livres.