Les livres numériques permettent d’ajouter à la lecture des sons, des animations… Mais, cette réalité augmentée apporte-t-elle un renouveau aux oeuvres classiques ou les dénature-t-elle ?
Le numérique dénature-t-il les grands classiques de la littérature ? Frankenstein, monument de la littérature anglo-saxonne, a récemment subi quelques métamorphoses au nom du numérique. Le roman de Mary Shelley est à l’origine d’une application disponible sur iPhone et sur iPad. L’ambiance d’un XIXe siècle lugubre est bien rendue par les sons et les animations, seulement voilà, le texte de la romancière britannique a été démantelé pour être ré-articulé à la manière d’un « livre dont vous êtes le héros ». Le designer de l’application, Dave Morris a réécrit le texte à la seconde personne tout en gardant les différents points de vue. Le lecteur-joueur incarne donc tour à tour Victor Frankenstein puis sa créature, dans un scénario décousu.
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=EVHzqH56b3c[/youtube]
Une nouvelle génération d’eBooks ?
Selon les créateurs de l’application, celle-ci n’est que le point de départ d’une nouvelle génération d’eBooks qui permettra de réconcilier un certain public avec les oeuvres classiques. A quel prix ? Ces « Booktracks » comme on les appelle aux Etats-Unis, sont de plus en plus courants outre-Atlantique et débarquent peu à peu en Europe. Sherlock Holmes a été le cobaye de ces expériences aux Etats-Unis l’année dernière. Une nouvelle version, numérique et sonore du Ruban Moucheté de Sir Arthur Conan Doyle a été mise en vente en 2011. Des bruits de verre qui se brisent lorsqu’une fenêtre se casse, un « toc toc toc » quand quelqu’un frappe à la porte… Ces bruitages ont été accueillis avec scepticisme et des avis divergents. Certains se sont plaint d’être dérangés pendant leur lecture, mais l’eBook a trouvé ses fans puisqu’à peine 10 semaines après sa sortie, Le Ruban Moucheté a été téléchargé plus de 100 000 fois sur iTunes. En 2011, le livre a atteint le top 10 des téléchargements d’eBooks dans 20 pays différents. Le Huffington Post américain en a même tiré cette conclusion, en septembre 2011 : « Il se pourrait que bientôt, les livres sans bruitages deviennent aussi désuets que les films muets ».
En France, l’entreprise Byook développe ces livres d’une nouvelle génération. A partir de leur site, on peut télécharger gratuitement sur iPhone ou iPad un de leurs byooks Little Fear, pour mieux se rendre compte de ce que donne cette nouvelle forme de littérature.
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=JQwVS2KftNk[/youtube]
Phénomène de mode ou nouvelle façon de lire ?
Selon Liel Leibovitz, professeur en communication à l’université de New-York, ces lectures « sonores » auraient des avantages cognitifs. Selon son étude, effectuée sur un pannel de New-Yorkais venant de milieux sociaux variés, la lecture améliorée par le son serait plus facile à suivre et à retenir. Mais ces « Booktracks » continuent de diviser. Certains y voient un simple gadget, en rupture avec la lecture traditionnelle. D’autres y voient une véritable révolution qui améliore la lecture et permet une véritable immersion dans l’histoire.
Evidemment, ça devait arriver. Nous sommes dans une époque où l’effort devient impensable. On veut tellement accompagner les gens, les prenant pour des abrutis finis incapables d’apprécier l’objet livre, qu’on finit par faire des livres qui ressemblent à des films. La lecture, ça s’attrape tout gamin, c’est aux adultes d’intéresser les futures générations en traînant avec eux dans les bibliothèques, chez les bouquinistes, dans les librairies… les bruits décrits dans un livre, quand on est pris dans sa lecture, on les entend vraiment, nul besoin de nos oreilles, nul besoin de nous crétiniser d’avantage. Ils pourront bien faire tous les gadgets qu’ils voudront, rien ne remplacera jamais l’odeur, le bruit des pages, le toucher du papier, et ni l’émotion que procure un simple livre, avec notre simple petite imagination de lecteur fervent ou non.
Ouh là, mais c’est que je deviens réac, moi. Je dois vieillir.
Il est vrai que la société se veut évolutive et plus ça va, plus on assiste à un marché du tout au n’importe quoi. Concernant l’ebook, je n’ai pas d’avis tranché, je ne l’utilise pas encore mais je suis curieuse tout de même; il y a ce côté pratique d’emporter avec soi un nombre de bouquin conséquent. Cela dit, je reste assez nostalgique de la sensation et du charme de la feuille et du tourner de page ( psychologiquement, voir son avancée dans le livre est motivant). Mais l’ebook n’a rien à voir avec un film si ce n’est qu’il est sur support médiatique audiovisuel, mais un film aussi peut être dénaturé s’il est présenté sur un support homologue. La société de choix nous est imposée mais nous pouvons encore choisir, alors choisissons bien !!! 🙂
Autant le livre numérique est intéressant, (surtout pour lire à souhait les oeuvres classiques ou les nouveaux auteurs qui ne sont pas publiés), autant ce genre d’e-book est pathétique. Je rejoins les précédents commentaires, on nous encourage au moindre effort. Mais que deviendra l’imagination ? Bientôt, ce sera une denrée rare ?