Gilles Marchand est écrivain. Son premier roman Une bouche sans personne (éd. Aux Forges de Vulcain, 2016) faisait partie de la dernière sélection du prix littéraire Hors Concours qui vise à promouvoir la diversité de l’édition indépendante. Dans cet entretien, Gilles Marchand parle de son travail avec son éditeur et donne des conseils aux apprentis écrivains. En parallèle, un autre entretien donne la parole à David Meulemans, le fondateur des éditions Aux Forges de Vulcain qui présente sa vision du rôle de l’éditeur.
Comment avez-vous trouvé votre éditeur ?
Gilles Marchand : J’avais lu un roman publié aux Forges de Vulcain de François Szabowski Il n’y a pas de sparadrap pour les blessures de cœur et sur le Salon du livre de Paris, j’ai croisé l’éditeur David Meulemans. Je suis allé lui dire que j’avais adoré ce livre qu’il avait publié. À ce moment-là, je n’avais pas du tout prévu de lui envoyer un texte, mais de notre conversation est née l’idée de lui faire parvenir ce manuscrit que j’avais écrit quelques années auparavant. À l’époque, je finissais de travailler sur Le roman de Bolano, coécrit avec Éric Bonnargent et paru aux éditions du Sonneur en 2015.
Comment avez-vous retravaillé votre texte avec votre éditeur ?
G. M. : Quand j’ai envoyé mon manuscrit à David Meulemans, je savais qu’il n’était pas abouti et qu’il avait des défauts. Au cours de notre première réunion de travail, David m’a demandé de lui parler de l’histoire que j’avais voulu raconter. Il m’a alors avoué que ce n’est pas exactement le livre qu’il avait lu. Selon lui, il y avait trop de choses que j’expliquais à l’oral, mais qu’on ne retrouvait pas dans le texte. Il m’a clairement dit : « Le lecteur n’est pas dans votre tête, donc il faut développer certains passages pour que le cheminement de la narration soit plus compréhensible ». II a donc noté tout ce qui manquait dans le roman et j’ai ainsi compris ce qu’il fallait que je développe. Son travail a consisté à mettre le doigt sur ce qui ne fonctionnait pas dans le texte au niveau du scénario et de la narration. Il a également fait quelques suggestions de coupes. Mon travail de réécriture a pris environ une année.
Quels sont vos conseils aux apprentis écrivains ?
G. M. : Je pense que les auteurs doivent se demander quelle histoire ils veulent raconter. Si on a des facilités d’écriture, c’est une question qu’on peut avoir tendance à laisser de côté. On se fait plaisir, on enchaîne les scènes, on crée des personnages, mais finalement tout cela est un peu vain car il n’y a pas de fond. C’est vraiment la première question que l’on doit se poser. Quels sont les thèmes qui me tiennent à cœur et que j’ai envie de partager ? Quel regard pertinent ou différent puis-je poser sur un sujet particulier ? Quelles sont les choses fortes dont j’ai envie de parler ?
Ensuite, je leur conseille de ne pas envoyer leur manuscrit au hasard. Il est primordial de cibler les éditeurs avec lesquels ils se sentent en adéquation. Avant d’envoyer son texte à un éditeur, ils peuvent essayer de le faire lire à des lecteurs de confiance et doivent tenir compte des critiques. Toutes les suggestions peuvent être à l’origine de réflexions. Il est également indispensable de faire une lecture à voix haute de son texte pour chasser tous les mots qui ne veulent rien dire comme le mot « chose » et toutes les expressions génériques telles que « faire quelque chose ». C’est un travail fastidieux, mais qui rend la lecture plus agréable.
Avez-vous commencé à travailler sur un nouveau projet de roman avec votre éditeur ?
G. M. : Oui, j’ai commencé à travailler sur le prochain roman. Quand on a déjà un éditeur, c’est vraiment un luxe car on peut discuter en amont du thème et de la construction du scénario. J’ai ainsi pu envoyer à David les cinquante premières pages de mon texte pour savoir si je ne partais pas dans une mauvaise direction. Il a une vraie vision d’éditeur et de scénariste comme un chef d’orchestre qui ne joue d’aucun instrument, mais est là pour guider les musiciens, les aider à tenir un rythme, leur dire quand une partie est trop faible ou qu’une autre prend trop d’importance.
Est-ce qu’il doit forcément exister une relation de sympathie entre un écrivain et son éditeur ?
G. M. : Je m’entends très bien avec mon éditeur, mais je ne pense pas que l’affect soit le plus important. Il faut surtout une relation de confiance et une estime professionnelle réciproque. Quand on travaille sur un texte, il y a avant tout un enjeu artistique ou littéraire. Si l’on travaille avec un éditeur avec lequel on ne s’entend pas, mais avec lequel on partage cette passion et cette volonté commune de faire du bon travail, cela doit pouvoir fonctionner. Cela doit être moins agréable, mais je pense que c’est possible.
Découvrez l’interview de l’éditeur David Meulemans, le fondateur des éditions Aux Forges de Vulcain
FOCUS SUR le prix littéraire Hors Concours
Hors Concours est un prix littéraire dédié exclusivement aux auteurs et éditeurs indépendants. En 2016, sa première édition a mobilisé près de 300 professionnels du livre pour proposer une sélection inédite, innovante et inspirante des dernières parutions de littérature adulte et francophone contemporaine. en savoir +
Vous avez besoin d’aide pour écrire votre roman ?
Découvrez tous nos services aux auteurs !
Vous écrivez et avez besoin de l’avis et des conseils de professionnels ? Nos services aux auteurs sont faits pour vous ! En savoir +
Faites évaluer votre manuscrit
Un conseiller littéraire expérimenté vous offre un retour critique, constructif et détaillé sur votre roman ou votre recueil de nouvelles pour vous aider à l’améliorer. En savoir +