L’auteur de la trilogie des « Fourmis » ne pense pas que l’émergence du livre numérique entraînera la mort du format papier. Mais, selon lui, elle favorisera un retour de la nouvelle au détriment du roman.
Le futur ne se fera pas sans le livre papier. Telle est la conviction de Bernard Werber. L’écrivain, spécialisé dans les romans de science-fiction (trilogie des « Fourmis » ou la pentalogie du ciel, dans laquelle on retouvre Les Thanatonautes et L’empire des anges), l’a confiée lors d’un entretien accordé au site Internet atlantico.fr. « Cinéma, radio, télévision… les modes de transmission d’histoires s’ajoutent, mais ne s’éliminent pas, assure-t-il. Il y aura toujours des lecteurs de livres papier. »
Lui voit plutôt l’émergence d’ouvrages dématérialisés comme une opportunité de ramener à la lecture « les gens qui ne souhaitent pas se trimballer un gros bouquin ». Mais pas seulement. « Lorsque je suis arrivé en 1991 avec Les fourmis (…), tout ce qui correspondait à la littérature pour jeunes avait été abandonné, se souvient-il. Aujourd’hui, le fait qu’il y ait des nouveaux outils va aussi permettre d’augmenter le nombre de jeunes lecteurs. »
« C’est vraiment dommage que l’on méprise la nouvelle littéraire en France »
Personnellement, Bernard Werber n’a connu aucun souci pour s’adapter au format du numérique. Et pour cause ! Y compris dans son travail d’écriture, il a intégré cette « nouvelle dimension » depuis longtemps. Dès 1992, il a ainsi développé son site Internet. « J’y insérais un making-of de chaque roman, avec des photos des lieux où se déroule l’action… J’ai même fait réaliser des musiques exprès », détaille-t-il. « Dès 1990, lors de l’écriture de mon livre Les fourmis, j’utilisais des liens hypertextes dans la rédaction de mon manuscrit, soutient-il encore. Mes textes ne sont pas uniquement littéraires. Il existe une structure cachée de type programmation informatique. »
Cette facilité d’adaptation, explique aussi Bernard Werber, tient également à son style d’écriture : « des phrases courtes et des histoires claires ». Une manière de faire à l’encontre de la tradition française d’après lui. Mais, il en est persuadé, cela deviendra un avantage avec le développement du livre numérique. Tout comme le fait de privilégier des formats courts. Il prévient d’ailleurs : « Si nous ne réussissons pas ce virage vers les nouvelles, je crois que c’est la littérature anglo-saxonne qui va finir par nous abattre. Eux n’ont pas peur des formats et d’une écriture rapides, explique-t-il. C’est vraiment dommage que l’on méprise cette littérature en France car pour moi c’est la littérature d’avenir qui correspond aussi à l’outil numérique. »
(d’après atlantico.fr)
Enfin un avis positif, ça fait plaisir !
L’ensemble des media est en constante évolution, la littérature et son principal support, le livre, n’y échappent pas. Bernard Weber n’est pas un visionnaire, il est tout simplement bourré de talent … et de bon sens.
C’est assez facile de dénigrer le livre numérique quand on vend beaucoup de livres papiers à l’instar de Frédéric Beighbéder. Bernard Weber n’a pas à s’inquiéter évidemment qu’il y aura toujours de lecteurs de livre papier mais il y en aura moins c’est évident. Je suis autrement plus en phase avec Alexandre Jardin qui semble beaucoup mieux avoir compris l’enjeu du livre numérique. Je souhaite que les ereader en e–ink se démocratisent à grande échelle.
Cette révolution numérique ne se passe pas seulement dans l’industrie du livre, mais aussi dans l’industrie du cinéma, de la télévision, bref la langue et les modèles de narration sont en jeu. Bernard Weber l’aborde un peu, c’est déja pas mal ! 😉