Les secrets d’écrivain de Milan Kundera

Milan_KunderaMilan Kundera est né en 1929 à Brno en République Tchèque. Il s’intéresse beaucoup à l’histoire du roman et étudie ceux qui ont fait évoluer cette forme, Flaubert, Kafka, Joyce… Dans cette interview réalisée en 1980 par le Paris Review, Milan Kundera nous explique sa vision du roman.

Quelle est votre vision du roman ? 
La forme romanesque permet beaucoup de libertés. Un écrivain ne doit pas voir le roman comme une forme à la structure inviolable, au contraire, il doit passer outre les structures prédéfinies. Les seules règles qu’un auteur peut se donner, c’est de faire méditer sur l’existence des personnages inventés. Il peut ensuite se laisser aller à diverses formes : roman narratif, autobiographie, roman historique, fantastique… Le roman peut tout combiner et créer ainsi un ensemble polyphonique. L’unité d’un roman ne découle pas forcément d’une intrigue, elle peut découler de thèmes. Mon livre Le livre du rire et de l’oubli (Gallimard, 1979), n’est pas considéré comme un roman, car il n’y a pas d’unité d’action. Les lecteurs ont du mal à s’imaginer un roman sans cette unité. Sterne (Tristram Shandy, 1760) et Diderot (Jacques le fataliste, 1796) se sont amusés à jouer avec celle-ci, en la rendant fragile.

Comment écrivez-vous ? 
Je me suis peu à peu rendu compte que mes romans comportaient tous sept parties. Ce n’est pas une question de superstition ou de besoin de structurer mes romans ainsi, il s’agit vraiment d’un hasard, de quelque chose d’inconscient. C’est une obligation profonde et incompréhensible à laquelle je ne peux pas échapper. Il doit y avoir également tout un monde construit à l’intérieur de chaque chapitre. Ils doivent être relativement indépendants. Je me dispute souvent avec mes éditeurs pour que chaque chapitre soit bien séparé et correctement numéroté. Les chapitres, ce sont les mesures dans une partition de musique. Chaque mesure (chapitre) est différente, certaines sont longues, d’autres courtes et elles ont chacune leur propre tempo. Je pense pouvoir résumer mes romans en ces deux points précédemment énoncés : la polyphonie, qui unit autour d’un thème des éléments hétérogènes et la structure en sept parties.

(Source : TheParisReview.com)

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