L’écrivain japonais, Kenzaburo Oe a été prix Nobel de Littérature en 1994. Pour ce romancier, poète et nouvelliste, écrire représente du travail, mais ce n’est pas un dur labeur.
Dans quelles conditions écrivez-vous ?
La plupart du temps, je travaille dans le salon, même si ma femme écoute de la musique. Je n’ai pas besoin d’être isolé pour écrire. Le seul moment où je suis seul c’est quand j’apporte la touche finale à un roman. Dans ce cas j’ai vraiment besoin de me concentrer et je suis alors insupportable pour les autres, donc je m’isole. Quand je commence à écrire un roman, j’écris tous les jours jusqu’à ce qu’il soit terminé. Généralement je me lève à 7h et je travaille jusqu’à 11h. Je ne prends pas de petit déjeuner, juste un verre d’eau. Je pense que c’est parfait pour écrire. Pour moi, écrire n’est pas un dur labeur. En français, le mot « travail » contient une notion d’effort et de douleur. Bien sûr qu’écrire c’est un métier, bien sûr que cela représente beaucoup de travail, mais il n’y a pas cette notion d’effort douloureux.
Comment commencez-vous vos romans ?
Il y a toujours une phase d’élaboration, où je me cherche. Je ne commence jamais à écrire avec une idée bien précise en tête. J’écris d’abord en me demandant ce que je veux raconter. Puis, au fur et à mesure que j’écris, apparaissent les personnages et l’intrigue. Le plus important c’est la façon dont on raconte une histoire, pas ce qu’on raconte. C’est pour ça qu’il est d’abord important de trouver sa voix, avant de trouver les personnages. Généralement, mon travail débute avec ma vie personnelle, que j’essaye d’ouvrir à un problème de société plus large. Je n’ai jamais su écrire à la troisième personne, je pense qu’en cela je suis un auteur raté. Je crois que tout écrivain se doit de savoir écrire à la troisième personne.
Quels conseils donneriez-vous à un écrivain ?
Je suis le genre d’auteur qui écrit et réécrit sans cesse. Je veux vraiment tout corriger. J’utilise une technique littéraire que j’appelle la « répétition avec des différences ». Je réécris quasiment tout en tentant une nouvelle approche, c’est un peu comme se battre contre le même ennemi une nouvelle fois, mais avec des armes différentes. Ensuite je prends le brouillon et je le compare avec le brouillon précédent et ainsi de suite. C’est comme ça que j’élabore mon histoire. Mais, plus mon travail est élaboré, plus mon lectorat diminue. Mon style est devenu très compliqué. Il faut que les écrivains laissent aussi la parole à leur voix intérieure, ce que je ne fais pas assez.
Sources :
The Paris Review
Globetrotter