A travers la saga des Rougon-Macquart, c’est une véritable fresque de la société de la fin du XIXe siècle que nous livre Zola. Pour bâtir une telle oeuvre, l’écrivain a effectué un important travail de recherches et d’observations avant de rédiger une version romancée de ce qu’il avait appris. Découvrez les trois principales étapes de l’élaboration des Rougon-Macquart.
Se documenter avant d’écrire
Son travail de recherche le plus important, il le réalise dès 1881, pour l’écriture d’un roman sur le développement des Grands Magasins, caractéristiques du second Empire. Ecrire Au Bonheur des Dames, c’était pour lui « faire le poème de l’activité moderne« . Son enquête de terrain a duré deux mois. Il a pris pour modèle Le Bon Marché et les Grands Magasins du Louvre, et a étudié leur architecture, la disposition de leurs rayons… Il a mené un véritable travail de fourmis en prenant beaucoup de notes et en réalisant des plans (de rayonnage par exemple, voir ci-dessous) pour ne rien laisser au hasard. Il va même jusqu’à interviewer des vendeurs et vendeuses pour en savoir plus sur l’organisation du magasin et les techniques de vente.
Romancer le réalisme
Si ce travail est très minutieux et très précis, Émile Zola n’en reste pas moins un écrivain. Il parle alors « d’user sans remords de l’erreur volontaire, quand elle s’impose, par une nécessite de construction ». Et selon lui, ces artifices ne rendent l’histoire que plus vraie : « Je mens pour mon compte dans le sens de la vérité. J’ai l’hypertrophie du détail vrai, le saut dans les étoiles sur le tremplin de l’observation exacte. La vérité monte d’un coup d’aile jusqu’au symbole. »
Trouver son ton
Pour décrire la société sous une forme romancée, il fallait trouver une écriture originale. En effet, Zola savait que le projet des Rougon-Macquart était un nouveau concept. Il a alors cherché son style en examinant celui des auteurs qu’il considérait comme ses modèles : Flaubert, Balzac ou encore les frères Goncourt : « Tout le monde réussit en ce moment l’analyse de détail ; il faut réagir par la construction solide des masses, des chapitres ; par la logique, la poussée de ces chapitres, se succédant comme des blocs superposés, se mordant l’un l’autre ; par le souffle de passion animant le tout, courant d’un bout à l’autre de l’œuvre. »
Pour en savoir plus sur l’écriture selon Zola : découvrez l’exposition virtuelle de la BNF qui lui est consacrée