Le Premier ministre François Fillon l’a annoncé lors de la présentation du nouveau plan de rigueur, la TVA sur le livre passera à 7 %. Le monde de l’édition grogne.
Les réactions sont unanimes contre elle. Lundi, le Premier ministre François Fillon a annoncé, dans le cadre d’un plan de réduction des dépenses de sept milliards d’euros pour 2012, l’augmentation à 7 % (contre 5,5 % aujourd’hui) du taux de TVA sur les produits qui ne sont pas « de première nécessité », dont le livre. Les professionnels de l’édition ont immédiatement protesté.
Le Syndicat national de l’édition (SNE) dit ainsi regretter que cette annonce ait été faite « sans concertation et sans coordination préalables ». Selon lui, cette hausse va pénaliser grandement l’industrie du livre, alors que celle-ci, « à l’instar de la presse, amorce une transition sans précédent vers un marché numérique qui peut être destructeur autant que créateur ». « L’effort de solidarité nationale demandé à la chaîne du livre, estimé à une soixantaine de millions d’euros, semble sans commune mesure avec la situation actuelle du marché du livre et avec l’enjeu de la diversité et de la démocratisation culturelle qui a présidé, depuis plus de trente ans, à l’application d’un taux réduit à ce support essentiel de l’éducation et de la vie culturelle et politique« , juge encore le SNE.
« Une balle dans le barillet » pour tuer les libraires indépendants
Pour Vincent Monadé, directeur du Motif, observatoire du livre et de l’écrit en Ile-de-France, la mesure menace directement la survie des librairies indépendantes, déjà bien difficile. Il pointe aussi une contradiction entre la mise en place du prix unique pour le livre numérique (Puln), censée aider les libraires, et cette hausse, qui équivaut à « mettre dans le barillet la balle pour les tuer ». Un point de vue partagé entre autres par la Fédération interrégionale du livre et de la lecture (Fill).
Le PDG de la Fnac, Alexandre Bompard, s’inquiète lui aussi des problèmes de concurrence, mais vis-à-vis de l’étranger. D’après lui, cette augmentation de la TVA sur le livre « est un élément de menace qui vient s’ajouter à d’autres éléments de menace liés notamment à l’hégémonie d’un certain nombre d’acteurs nord-américains ». Pour remédier à ce problème, lui propose une harmonisation au niveau européen des taux de TVA sur le livre (papier et numérique). Cela permettrait par exemple, affirme-t-il, « une équité concurrentielle avec les acteurs nord-américains qui sont situés au Luxembourg ».
(d’après Livres Hebdo)