Reconnus depuis longtemps aux Etats-Unis, les agents littéraires ont des difficultés à se faire une place dans l’Hexagone. Littérature et marketing peuvent-ils s’accorder ? Julia Kingsford, ancienne responsable marketing, et l’agent littéraire Charlie Campbell ont sauté le pas au Royaume-Uni. Ils ont fondé l’agence littéraire et marketing Kingsford Campbell.
Les acteurs du monde de l’édition continuent de s’adapter aux changements de ces vingt dernières années. L’essor du numérique s’accompagne de mutations sociales et commerciales qui bouleversent l’édition traditionnelle. Elle ne peut plus assumer seule la variété des services requis pour un auteur. Les agents littéraires, ces intermédiaires entre l’écrivain et l’éditeur, doivent également définir leur rôle.
Le marketing : une nécessité
Dans le monde de l’édition, les divergences entre le service éditorial et celui des ventes ne datent pas d’hier. Même si le marketing s’est imposé dans le monde des affaires, beaucoup considèrent encore que la qualité du livre suffit pour le vendre. « Que les défenseurs de l’art pour l’art le veuille ou non, le marketing n’a jamais été aussi nécessaire« , expliquent Julia Kingsford et Charlie Campbell. Les meilleurs écrivains en ont besoin pour intéresser un lectorat et trouver leur place sur le marché. « Alors que l’éditeur étudie la stratégie marketing livre par livre, l’agent réfléchit sur la marque que représente l’auteur et propose des visions à long terme« , continuent-ils.
Ecrivains et commerciaux
Les écrivains doivent penser en commerciaux. « Lorsqu’ils n’ont pas les compétences en affaires ou veulent se concentrer sur l’écriture, ils doivent faire appel à des professionnels« , estiment Kingsford et Campbell. Tous deux ont analysé la stratégie d’auteurs autoédités. « Ils ont consacré beaucoup de temps et d’ énergie à faire leur propre marketing. Beaucoup plus que ce qu’un éditeur aurait pu faire, hormis pour un très grand écrivain« , déclarent-ils.
Les services marketing
« On travaille sur les campagnes publicitaires en collaboration avec les éditeurs, par exemple. On peut également conseiller un auteur que l’on ne représente pas sur sa stratégie marketing« , annoncent Kingsford et Campbell. Les auteurs sont très intéressés par les conseils en communication numérique. Les deux agents proposent donc aux écrivains de leur créer un site Internet dédié. Ils travaillent également sur l’image de marque.
Argent et écriture
Le revenu des auteurs est une question d’actualité sensible. Pour la majeure partie d’entre eux, Il est très difficile de toucher des revenus corrects. « Nous assurons à nos auteurs, chevronnés ou non, qu’ils peuvent gagner leur vie par l’écriture. Travailler sur leur marque et leur marketing est le meilleur moyen d’y parvenir« , affirment Kingsford et Campbell. Le monde de l’édition a besoin d’écrivains de qualité, dévoués à leur art. Et les agents ont besoin de ces auteurs pour vivre.
(Source : BookBrunch ; Crédit photo : © AlexOakenman)
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