Marianne Jaeglé est écrivain et animatrice d’ateliers d’écriture. Pour aider les apprentis écrivains à dépasser leurs inhibitions, Marianne Jaeglé a écrit le livre : Ecrire, de la page blanche à la publication (éd. Scrineo) dont une version enrichie vient d’être publiée. On y trouve un nouveau chapitre sur la façon de se construire en tant qu’écrivain. La persévérance est la qualité principale dont un auteur doit savoir faire preuve.
Quelle est la première qualité nécessaire à un écrivain ?
Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, la principale qualité d’un écrivain n’est pas le talent, mais une caractéristique beaucoup plus modeste : la persévérance. Son avantage ? Elle ne dépend que de l’auteur…
Persévérance versus inspiration
La persévérance est évidemment nécessaire pour affronter les difficultés de l’écriture, les moments de blocage, l’absence d’inspiration. « Ce que j’essaye de faire c’est d’écrire. Il peut m’arriver d’écrire pendant deux semaines les chaussettes de l’archiduchesse sont-elles sèches et archi-sèches ? Et c’est le truc le plus ennuyeux et le plus horrible qu’on puisse imaginer. Mais je persiste. Quand j’écris, j’écris. Et ensuite, c’est comme si ma muse était convaincue que je suis sérieuse et disait : ok, ok, j’arrive. » Maya Angelou
Persévérance pour un projet long
Elle l’est également, pour mettre en place un texte long, pour lequel l’auteur s’astreint des semaines durant à un projet que nul n’attend, dont le monde semble se ficher éperdument, et qui peut-être ne verra jamais le jour. C’est un travail prodigieusement ingrat et qui requiert de son auteur une abnégation et une persévérance inouïes. « Si vous vous concentrez sur votre texte trois ou quatre heures par jour et qu’au bout d’une semaine vous vous sentez fatigué, cela signifie que vous ne serez sans doute pas capable d’écrire une œuvre d’une certaine longueur. Ce que doit rechercher un écrivain (…) c’est l’opiniâtreté, la capacité à se concentrer chaque jour pendant six mois, ou un an, ou deux ans. » Haruki Murakami.
Persévérance pour trouver un éditeur
Elle l’est encore lorsque le texte est achevé et qu’un nouveau combat s’annonce, tout aussi ardu et tout aussi décourageant que l’écriture elle-même : la recherche d’un éditeur. « Il faut continuer à envoyer votre travail ; vous ne devez jamais laisser un manuscrit dormir dans un tiroir. Envoyez votre travail encore et encore, pendant que vous travaillez sur autre chose. Si vous avez du talent, vous récolterez un certain degré de succès, mais seulement à condition de persister. » Voilà ce que conseille Isaac Asimov.
Persévérance au-delà la publication
Elle l’est enfin lorsque l’on est publié et qu’on passe ce cap d’avoir désormais à produire des textes pour un éditeur qui les réclame et pour un public que l’on ne veut pas décevoir : « J’en ai trop vu, qui se sont laissés prendre à ce piège toujours le même : essayer de tromper le public, quel qu’il soit, peu importe, avec de la marchandise frelatée. Il vaut mieux attendre quatre ans. J’ai commencé à écrire très jeune, et j’ai beaucoup écrit, et il me faut de plus en plus de temps pour mettre une marmite au feu, mais ce roman, mon roman, n’a rien à voir avec ce qu’il aurait été si je l’avais fini à toute allure, il y a dix-huit mois. » Scott Fitzgerald.
L’idée de passer sa vie à persévérer dans la tourmente et dans un parcours de combattant est loin d’être réjouissante. On se console en songeant que tous ceux qu’on admire sont passés par là : « Que tout est long dans la vie d’un écrivain : être découvert par son sujet, le découvrir peu à peu soi-même, l’écrire, le réécrire, le faire accepter, le faire éditer, corriger les épreuves, et soudain le livre est là, il est à tous s’ils veulent bien y faire attention et l’acheter ; c’est chaque fois un parcours de lutte, d’humilité, d’initiation ». Henri Bauchau
Découvrez la nouvelle version enrichie du livre de Marianne Jaeglé : Ecrire, de la page blanche à la publication