Frédérique Martin est auteur de romans et de nouvelles. En quête de JOB est son dernier livre (un livre-film), édité aux Editions Zorba en décembre 2009.
Chaque mois, retrouvez sur enviedecrire.com, une chronique de Frédérique Martin qui nous parle de cet acte créateur qu’est l’écriture.
Vous pouvez rejoindre Frédérique Martin sur son blog ou sur sa page Facebook.
Dans Le goût de l’inactuel, Pierre Hebey écrivait : « Des êtres prennent, durant toute leur vie, leur élan et meurent sans avoir sauté. »
Je ne suis pas dupe, c’est ce qui a failli m’arriver. Entre vouloir et faire, il y a parfois un espace infranchissable. Occultons l’histoire personnelle, elle ne peut être une justification valable – nous avons tous un vécu, des douleurs et des empêtrements. Qu’est ce qui reste ? La peur. De s’évaluer, de se confronter à soi-même, d’échouer, de réussir, de se singulariser, de connaître la déception, la désillusion… des peurs gravées dans le marbre de la page blanche et qui scellent l’élan.
Etre moi entièrement
Si j’ai compris quelque chose durant toutes ces années, c’est que pour s’affranchir de ses peurs – qui peuvent se ramasser en une seule, celle de vivre – il n’y a pas d’autre moyen que de les empoigner, les traverser, les embrasser et les affronter de face. Dans ma dernière chronique, j’ai évoqué le fait qu’il n’y a pas eu d’écriture possible tant que la question du pourquoi j’écris (je veux écrire), ne s’est pas imposée. Et la réponse était simple. En principe elles le sont – c’est même à ça qu’on les reconnait – encore faut-il les chercher. La mienne tenait en quelques mots : pour être moi, rien que moi certes, mais entièrement.
Jour après jour
Les lieux où j’ai vécu ont deux constantes : un bureau et un jardin. Un jour, je me suis assise derrière ce bureau, face au jardin, avec l’intention avouée de me mettre à écrire. J’ai disposé des feuilles, des crayons, un vase avec des fleurs et je me suis dit : ici, c’est chez toi. A partir de là, avec plus ou moins de réussite, plus ou moins de réticences, je suis revenue jour après jour avec le projet d’écrire des textes qui seraient un jour publiés.
Des heures englouties dans les pages
Il m’a fallu du temps pour réaliser que je mettais en place des stratagèmes variés pour éviter la confrontation (qui peuvent encore me servir d’alibi, parfois) : famille, amis, ménage, courses, factures, coups de téléphone, fatigue, le soleil et la pluie, le manque de temps ou d’envie, de confiance essentiellement … la liste est interminable et mon imagination fertile. Pendant des années, il m’a été vraiment difficile de m’astreindre, je reculais sans cesse ce moment où – trop souvent – il ne se passait rien de concret. Toutes ces heures englouties dans les pages, à quoi servaient-elles ? Avais-je une chance de voir mes projets se réaliser. N’étais-je pas juste en train de me bercer d’illusions pour ne pas admettre que j’étais une incapable ?
Un acharnement d’équilibriste
Pour débuter, j’ai donc dû commencer par lutter. Contre mon apathie, mon impatience, la perplexité dubitative, le sentiment d’indignité… tout ce qui pouvait faire écran entre la page et moi. C’est un acharnement quotidien d’équilibriste juché sur des montagnes russes, dans lequel on éprouve la solidité de son désir et la réalité de ses motivations. On y est seul, d’une manière radicale et il faut savoir que ce retrait n’ira qu’en s’amplifiant. J’y ai découvert des possibilités insoupçonnées et de douloureuses limites, j’y ai appris l’humilité et la joie de sentir que cette aventure ne prendra fin qu’avec moi.
Découvrez : la deuxième partie de la chronique de Frédérique Martin
je suis devant mes incertitudes, là est ma limitation … après avoir reçu quelques distinctions nationales & internationales, trop de choses se sont enchaînées les unes aux autres. Je ne parviens pas à retrouver ce temps et cette spontanéité qui me faisaient écrire n’importe où, n’importe quand. Vous avez passé ce cap, peut-être à force de volonté, de discipline. Dites moi que je ne suis pas condamné, Frédérique, il y a des jours perclus de remords, des soirs d’errance à chercher ce qui essaye de sortir malgré moi. C’est une vraie souffrance. La vérité, la mienne, est masquée … Cordialités. J-Louis
Jean-Louis,
La volonté est sans doute le contraire de ce dont vous avez besoin dans cette période de doute. La seule qu’il vous faille entretenir à mon sens, est celle de garder le cap. Laissez de côté la « réussite ». Prenez des notes, lisez, ouvrez-vous aux mots, laissez les venir. Si vous avez eu une période où vous écriviez n’importe ou et n’importe quand, elle va revenir. Il y a des passages où l’on se sent vide – souvent après l’écriture d’un livre – et ou on doit se « remplir » à nouveau pour pouvoir écrire. Soyez confiant. Lisez.
Bonjour Frédérique, remarquable auto-analyse !
A+ Jean-Claude
Bonjour Jean Claude et merci de ta fidélité.
Je recommande la lecture du billet de « Lignes de Vie » qui donne des astuces interessantes sur les correcteurs de répétitions : http://www.lignesdevie.com/2010/11/detecter-repetitions-dans-un-texte/
Bonjour Frédérique et merci pour ces conseils.
Je m’appelle Fayçal et je fais du rap depuis une quinzaine d’années. Ayant envie de changement et ne considérant pas cette « carrière » comme une réussite, je souhaite élargir mon écriture. Je ne manque pas d’idées embryonnaires (scenarios, nouvelles, journalisme…) mais plutôt d’organisation et ce dans ma vie en général. J’ai aussi conscience d’avoir bon nombre de lacunes tant au niveau des connaissances qu’à celui de l’expression.
Pouvez-vous donc m’orienter sur des projets humbles et réalistes afin de débuter dans l’Ecriture?
Cordialement
Bonjour Fayçal et merci de votre lecture,
Je vous engagerai sur deux pistes. D’abord intégrer un atelier d’écriture mené par un écrivain de préférence et qui correspoinde à vos objectifs ou vos goûts en matière d’écriture. Ensuite répertorier quelques concours de bon niveau en nouvelle ou en poésie, de manière à établir un calendrier de travail pour l’année à venir avec des échéances précises (dates limites de participation). Ce serait un bon début. Cordialement.
Merci beaucoup Frédérique
je vais suivre vos précieux conseils et ne manquerai pas de vous tenir au courant. Heureusement qu’il y a des personnes confirmées comme vous qui prennent le temps de nous éclairer.
Cordialement;
J’aime beaucoup vos chroniques, les mots sonnent toujours justes….
Vous parlez d’ateliers d’écriture, j’ai cherché mais je n’en ai pas trouvés. Pourriez-vous m’indiquer comment je peux en trouver ?
Merci pour votre réponse.