Les eBooks ne changent pas seulement les pratiques de lecture, ils feraient également évoluer les processus d’écriture en intégrant des techniques marketing.
Les livres numériques pourraient bien influencer la manière dont s’écrivent les romans. Avec les eBooks, l’écriture se plie aux lois de la publication de contenus numériques : pour être le plus lu, il faut être le plus visible. D’autant plus que, l’auto-édition étant facilitée par le numérique, l’offre d’eBooks est gigantesque. Il faut donc, si on souhaite paraître en tête des requêtes sur les moteurs de recherche, bien référencer son roman en choisissant bien les fameux « mots clés ».
Optimisation pour moteur de recherche
Les techniques d’optimisation du référencement consistent à rendre son site visible dans les moteurs de recherche comme Google en employant des termes fortement recherchés. Les contenus publiés sur le web prennent en compte ces techniques pour obtenir une meilleure visibilité. Un journaliste américain du site The Atlantic se demande si la littérature numérique ne va pas subir le même sort. Pour connaître plus de succès, les auteurs d’eBooks vont-ils aller jusqu’à modifier leur texte, en fonction de ces procédés ? Préférer les mots les plus recherchés dans Google ? Soigner particulièrement les premières lignes, visibles gratuitement, pour donner envie au lecteur d’acheter l’eBook ? Il y a trois ans déjà, le Wall Street Journal se demandait si les livres finiraient par être entièrement écrits en suivant des logiques de référencement et de mots clés.
Philip Jones, rédacteur en chef adjoint du site The Bookseller, apporte un exemple concret de cette inquiétude. Selon lui, les auteurs sont de plus en plus nombreux à intégrer une scène à suspense au bout de 10% de leur livre. En effet, sur Amazon, les premiers 10% du roman peuvent être téléchargeables gratuitement. Le lecteur, avide de savoir ce qui se passe par la suite, n’aura d’autres choix que d’acheter l’eBook. Les techniques marketing s’immiscent ainsi dans l’écriture même.
Changer ce qui ne plaît pas au lecteur
Le journaliste de The Atlantic va plus loin. Il constate que son Kindle a la capacité de se souvenir de l’endroit où il a stoppé la lecture. Amazon possède donc ces informations. Quel usage en faire ? Savoir combien de lecteurs ont stoppé la lecture d’un roman, sans jamais la reprendre, et à quel moment, pourrait être utile pour les éditeurs. Le journaliste de The Atlantic imagine alors que, grâce à ces données, les éditeurs feraient en sorte que les auteurs s’adaptent et fassent évoluer leur récit en fonction des passages qui ont découragé les lecteurs. Peut-on alors envisager des livres en plusieurs versions, sans cesse améliorées, en fonction des relectures des lecteurs ?