Le départ du pouvoir de Ben Ali il y a un an n’a pas amélioré la situation des libraires et éditeurs tunisiens, victimes de l’oppression des fondamentalistes.
« La censure existait en Tunisie bien avant Ben Ali. En fait, depuis l’indépendance, il y a plus de 50 ans. C’était une censure claire, institutionnelle : il ne fallait pas parler de politique, de religion et de sexe », nous expliquait l’éditrice Elizabeth Daldoul en avril 2011, quelques semaines après que le « printemps arabe » ait chassé du pouvoir Zine el-Abidine Ben Ali. Un an est passé depuis cette révolution. Des élections ont eu lieu, qui ont porté au pouvoir un nouveau régime. Pourtant, la situation ne semble pas avoir beaucoup évolué.
Le gouvernement déchiré sur la question des fondamentalistes
Comme le rapporte Livres Hebdo, des libraires tunisiens auraient été menacés récemment par des fondamentalistes religieux salafistes. Leur tort ? Mettre en vitrine Femmes au bain : du voyeurisme dans la peinture occidentale, un livre d’art présentant un tableau de femmes nues en couverture, ou vendre des ouvrages chiites (NDLR : les salafistes, eux, appartiennent au mouvement sunnite de l’islam). La censure des ultra-religieux semble donc avoir remplacé celle de l’Etat.
Les libraires victimes de ces intimidations ont promis de ne pas se laisser faire. Mais qu’en sera-t-il vraiment, pour eux et pour les autres ? Pour le moment en tout cas, ils semblent ne devoir compter que sur eux-mêmes. En effet, le gouvernement, lui, se déchire encore sur la conduite à tenir face aux fondamentalistes.
(d’après Livres hebdo)
Retrouvez l’intégralité de l’interview vidéo d’Elisabeth Daldoul : En finir avec la censure littéraire en Tunisie
(durée de la vidéo : 3:48)