Chaque texte de fiction peut être considéré comme une sorte de mystère. En effet, c’est parce que la quatrième de couverture nous a intrigué que nous choisissons de lire un livre. En tant que lecteur nous souhaitons obtenir des réponses pour élucider ce mystère, mais pas trop rapidement, ni trop lentement non plus au risque de nous ennuyer. Les grands maîtres du mystère tels qu’Edgar Allan Poe, Arthur Conan Doyle, John Dickson Carr, Agatha Christie ou encore Maurice Leblanc savaient amener le lecteur là où ils voulaient sans même que celui-ci ne s’en rende compte.
Si vous voulez écrire un roman, pourquoi ne pas reprendre à votre compte quelques-uns des ingrédients que les spécialistes du mystère intègrent dans leurs histoires ?
Une intrigue
Les « romans de mystère » reposent tous sur une intrigue. Il faut qu’il se passe des choses et elles doivent avoir un sens. Pas question de tuer un des personnages juste par hasard, chaque action doit être motivée. Créer des connections entre les différentes actions et les différents personnages est une bonne façon d’entrer plus en profondeur dans l’écriture du texte. A chacune des actions de vos personnages posez- vous cette question : pourquoi fait-il (elle) cela ? Les réponses que vous donnerez ne seront pas forcément incluses dans le texte, mais elles vous permettront de construire une intrigue solide et des personnages étoffés.
Des enjeux
En prenant en compte les enjeux de vos personnages, vous ne manquerez pas d’améliorer votre texte. Pour chacun d’entre eux, posez-vous toutes ces questions : Qu’est-ce qui est important pour lui ? Pour quoi est-il prêt à souffrir ? A mourir ? De qui est-il amoureux ? Qui déteste-t-il ? Et si vos réponses à ces questions sont : « rien » et « personne », alors montrez comment votre personnage en est arrivé à ce point de détachement. Qu’a-t-il vécu pour devenir celui qu’il est aujourd’hui ? Plus votre histoire s’intéressera à vos personnages et plus vos lecteurs s’intéresseront à votre histoire.
Des indices
Dans un « roman de mystère », les indices sont des bribes d’information distillées au fur et à mesure afin d’aider le protagoniste à résoudre l’intrigue. Mais vous pouvez intégrer des indices dans votre texte, même s’il ne s’agit pas d’un « roman de mystère ». Prenez l’exemple d’une femme qui voudrait apaiser sa relation avec sa mère. Ce qu’elle ne sait pas, c’est qu’elle n’a pas été désirée et que sa mère a voulu l’abandonner à la naissance. La résolution de l’intrigue peut être une scène au cours de laquelle la mère avoue cela à sa fille. On imagine le choc ressenti par cette dernière quand elle entend cet aveu. Et cette révélation résonnera profondément chez le lecteur si vous lui avez proposé des indices tout au long de l’histoire.
Des secrets
Les personnages d’un « roman de mystère » ne sont bien souvent pas ceux qu’ils prétendent être. Une vieille femme à l’air très doux peut se révéler être une terrible tueuse en série. Dans un « roman de mystère », chaque personnage a un secret. Et vous pouvez utiliser cette méthode dans un livre de n’importe quel autre genre littéraire. Bien que nous exposions nos vies au quotidien sur Facebook et Twitter, il y a toujours des événements ou des actes dont nous ne sommes pas fiers et que nous préférons garder secrets. Dans un roman, les secrets donnent de l’énergie aux personnages les plus passifs. Imaginez par exemple que votre héroïne est secrètement amoureuse de son dentiste. Ce coup de coeur n’est pas le sujet de votre histoire, mais il se trouve que votre héroïne a soudain mal aux dents. Vous devrez alors décrire les soins chez le dentiste. Et ce secret partagé avec le lecteur va apporter une énergie particulière à la scène.
Première diffusion du chef d’oeuvre de Raoul Ruiz, en version longue mais petite.Lorsque les Mystères de Lisbonne était sorti salle en octobre dernier, on le savait déjà, sa diffusion télévisuelle était promise par la chaîne franco-allemande au printemps 2011. Une version longue d’un film déjà très long (4h26), cette fois-ci découpée en six épisodes de 52 minutes. Une série donc ou une « minisérie » pour être plus précis, convenant sûrement mieux à la forme feuilletonante du roman fleuve éponyme du portugais Camilo Castelo Braco (1854) dont est adapté ce film. Ce changement de format en revient à gagner 40 minutes de récit mais nous fait perdre du même coup la magie du grand écran. Un dilemme pénible imposé par une production pensée conjointement pour le cinéma et la télévision. Carlos d’Olivier Assayas, ou encore Lady Chatterley de Pascale Ferran nous avait déjà habitués à ce type de choix difficile. Réduire la taille de l’écran, c’est évidement mettre à mal la portée de cinématographique du film qui est ici immense. La lenteur suave des somptueux plans séquences perd de sa charge érotique, le vertige provoqué par les paysages sublimes est bien moins étourdissant et, de manière générale, l’immersion dans cette saga du 19ème siècle est moins totale. Mais, le remaniement pour la télévision permet à Ruiz de prolonger certaines séquences que l’on découvre avec délectation. C’est le cas dans le quatrième épisode notamment, où il met en scène la rencontre ineffable des deux nonnes. Par ailleurs, en se focalisant sur personnage dans chaque épisode, le récit en ressort globalement plus structuré et plus proche d’un mélodrame classique. Mais, quel que soit le changement de format, l’audace des Mystères de Lisbonne reste inchangée: réussir à filmer avec grâce des personnages qui racontent des histoires avec des mises en abimes abracadabrantes de bouts de vies où s’entremêlent souffrance archaïque et l’espoir d’une seconde chance.