Une nouvelle chronique d’écriture de Frédérique Martin, auteure de romans et de nouvelles. Pour la rentrée littéraire de 2012, elle a publié un roman chez Belfond : Le vase où meurt cette verveine. Le roman a obtenu le Grand Prix Littéraire de Villepreux et fait partie de la sélection Talents à découvrir de Cultura. À tes souhaits,est une nouvelle pour adolescents, qu’elle a publiée dans un collectif chez Thierry Magnier : Comme chiens et chats : histoires de frères et sœurs. En 2011 est également paru Le fils prodigue aux éditions de l’Atelier in8.
Chaque mois, retrouvez sur enviedecrire.com, une chronique de Frédérique Martin qui nous parle de cet acte créateur qu’est l’écriture.
Un roman et quelques nouvelles, le tout en direction des ados, ne font pas de moi un auteur jeunesse établi. Quelques tentatives – avortées pour l’instant – pour des moins de huit ans, semblent m’indiquer que je ferai mieux de clore ce chapitre et de laisser les spécialistes s’exprimer sur le sujet. Je vais pourtant partir de là, afin d’explorer ce que je comprends de cette littérature qui s’adresse à un public en apprentissage et en construction.
Ne pas désespérer mon lecteur
Pour l’instant, j’ai réussi à m’adresser à un public d’adolescents, disons dès lors qu’ils sont au collège. La fréquentation assidue d’une bande de jeunes gens sur plusieurs années m’a permis d’aborder de l’intérieur une population qui est hâtivement classée comme ayant un comportement, des motivations et des règles de conduite à part. Bien sûr, il n’en est rien. Ce qui n’empêche pas de répéter les mêmes poncifs au fil des siècles : jeunesse dépravée tu es cause de tous les maux. Simultanément – nous n’en sommes pas à une contradiction près – elle reste détentrice de toutes les espérances. Bref, ni race à part, ni adulte miniature, le jeune est – comme son nom l’indique – un être en devenir qui actualise son potentiel, découvre, trie, expérimente, tente de se dresser et de faire son chemin.
A partir du collège – lieu théorique d’apprentissage de la littérature – les motivations de lecture s’articulent peu à peu pour rejoindre celles des adultes : évasion, découverte, émotion, esthétique, réflexion… En ce qui me concerne, écrire pour des ados ou des adultes procède du même mouvement. Avec une nuance, cependant : ne pas désespérer mon lecteur. C’est un souci. Sinon, le travail sur la langue est aussi exigeant, les histoires, le ressort des personnages, la palette de leurs sentiments me demandent un engagement identique à celui qui est mis en œuvre dans mes textes pour adultes. Et de fait, j’observe fréquemment une porosité des tranches de lecteurs, notamment autour de mes nouvelles, qui me parait de bon aloi. Petit retour en arrière : A douze ans, rongée par l’ennui d’une sieste obligatoire dans l’appartement de mes grands-tantes à Clermont-Ferrand, j’exhume une Thérèse Raquin défraîchie du cosy où on nous avait consignées toutes deux. Expérience fondatrice qui me fera basculer de la bibliothèque verte dans celle des adultes. Dès mon retour à Toulouse, j’enchaîne avec la lecture nocturne et bien entendu secrète, du roman de Boris Vian, J’irai cracher sur vos tombes, formellement prohibé par mon père. On devrait interdire plus souvent à nos enfants de lire…
Un registre de langage différent
En ce qui concerne les tranches d’âges qui courent de cette époque bénie d’avant les devoirs jusqu’à l’école primaire, mes tentatives sont restées vaines. Le registre de langage n’est plus le même, les repères deviennent différents, le fonctionnement même du texte est autre. J’échoue lamentablement à écrire une histoire capable de transporter les moins de huit ans !
Pour pallier mon déficit de lecture et de fréquentation des petits, je réclame une carte d’adhérente à la bibliothèque, au rayon âge tendre. Je devrai m’y rendre tôt, de préférence le mercredi, pour baigner dans l’euphorie des marmailles qui se réjouissent bruyamment à l’idée d’emprunter des livres. Vautrée sur des coussins, bouche béante, je veux savoir moi aussi comment le cochon Barnabé s’est fait ramasser le groin par une sauterelle. Entendre les commentaires, les rires, les disputes et de graves interrogations « A quelle heure on goûte ? » devrait me donner de l’élan. Peut-être, parviendrais-je enfin à le terminer ce conte qui attend depuis des mois, ou à réviser cet album recalé trois fois par un expert du genre : « Ne fonctionne pas. Trop cérébral. Trop de mots ».
Comme dirait une petite fille de ma connaissance : t’es dans la caca, non ?
Il faut être opiniâtre et savoir que tout ou presque est à refaire chaque jour. Mais y a-t-il expérience plus excitante qu’un défi à relever ? La littérature jeunesse est un vivier de créativité. En face de soi, on se frotte à un public qui n’a pas encore appris à manier la courtoisie et le fard, portant des jugements définitifs si l’envie lui en prend : Ton histoire, elle est nulle.
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