Marianne Jaeglé est écrivain et animatrice d’ateliers d’écriture. Pour aider les apprentis écrivains à dépasser leurs inhibitions, Marianne Jaeglé a écrit le livre : Ecrire, de la page blanche à la publication (éd. Scrineo) dont une version enrichie vient d’être publiée. On y trouve un nouveau chapitre sur la façon de se construire en tant qu’écrivain. Et la question du temps à dédier à l’écriture est au centre des préoccupations d’un auteur.
Si tu avais du temps, ah, si tu avais du temps… Quels livres n’écrirais-tu pas ! Mais tu n’as pas le temps et tu te contentes bien souvent de rêver à ce que tu écrirais, ou à ce que tu écriras, un de ces jours, plus tard.
« Je rencontre tellement de gens qui « vont écrire un jour », remarque l’écrivain américain Robin Hobb. Quand ils auront fini leurs études, après leur mariage, quand les enfants auront grandi, quand ils seront à la retraite… C’est tellement piégeant. Vous n’aurez jamais davantage de temps que ce dont vous disposez aujourd’hui. Alors, que vous ayez 12 ou 70 ans, vous devriez vous asseoir maintenant et commencer à écrire si c’est ce que vous désirez. Il se peut que vous ayez à prendre des notes dans un carnet pendant que vos enfants font de la balançoire, ou dans votre voiture, durant votre pause café, et c’est ok. On est tous passés par là. »
Une infime proportion
En France, seuls 2 à 3% des écrivains gagnent leur vie avec leur plume. Autant dire que 97% des auteurs ont un métier alimentaire en parallèle de leur activité d’auteur. Je ne dispose pas de statistiques fiables concernant leur vie conjugale, mais j’imagine qu’un bon pourcentage d’entre eux sont mariés et parents. Comment font-ils, dès lors, pour tout concilier ?
Amélie Nothomb travaille le matin, entre 4 et 6 heures. Proust travaillait la nuit et dormait le jour. Tu n’es pas obligé de faire des choses aussi extrêmes : tu peux écrire dans les transports en commun ou le soir au lieu de regarder la télé. Alexis Jenni a écrit l’Art de la guerre au lycée où il travaille, durant les pauses déjeuner. Francis Ponge a écrit le Parti pris des choses durant la demi-heure de lucidité qu’il lui restait le soir, après une journée de travail, entre le dîner et l’endormissement.
Elémentaire, mon cher Watson
L’écrivain américain John Crowley s’est livré à un calcul simple : « Une page par jour = un livre par an. Deux pages par jour = deux livres par an. Et combien de temps cela prend-il d’écrire une page ? Vingt minutes ? Une heure ? Alors vous voyez : En fait c’est très simple, d’écrire un roman. » Ton objectif est donc tout trouvé : une page ou une demi-page par jour. Ni plus, ni moins. Au moment de la journée où tu es le plus en forme, ou à l’heure qui est possible pour toi. Autre intérêt de ce système, que souligne Natalie Goldberg dans L’écriture, du premier jet au chef-d’œuvre : « Programmer concrètement des temps d’écriture soulage cette anxiété diffuse et permanente dont souffrent les écrivains. » Un avantage non négligeable…
Trouver 45 minutes à dédier quotidiennement à l’écriture dans une journée, ça ne paraît pourtant pas une tâche insurmontable, n’est-ce pas ? Dès lors, pourquoi est-ce si difficile à mettre en place ?
Se prendre pour quelqu’un
De ce point de vue, la plus grande difficulté réside peut-être dans ce dont parle Roland Barthes dans la Préparation du roman : « Je me pose comme écrivain, dans toute l’ampleur, tout le sacré du rôle, pour m’aider à le devenir. » En d’autres termes, il faut organiser la plage consacrée à l’écriture dans son emploi du temps avec la rigueur et la fermeté de celui qui accomplit un devoir d’importance et non avec la négligence découragée de celui qui sait que, de toute façon, il n’y arrivera pas car il a toujours tout foiré et que ce n’est pas aujourd’hui que ça va changer. Et il faut défendre ce temps de l’écriture âprement, contre tout ce qui, du monde extérieur, s’efforce de l’envahir. « Je ne me prends pas pour un écrivain mais je dois me prendre pour quelqu’un qui veut écrire », écrit encore Roland Barthes. En d’autres termes, le plus difficile, encore et toujours, reste de croire en soi, en son envie profonde, en son projet.
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Pourquoi est-ce si difficile à mettre en place ? Parce qu’écrire est dur, difficile.
Je suis tout à fait d’accord : le secret tient dans l’organisation et la régularité ! Ecrire chaque jour c’est se donner la possibilité de rester plongé dans son histoire sans avoir à chaque fois à se remettre dans le contexte.
Il est donc nécessaire de faire le tri dans son emploi du temps, de se fixer un moment pour écrire mais également de se donner des objectifs mesurables (et adaptés). Le soutien d’un proche ou d’un autre écrivain peut aussi jouer un rôle important dans la réussite d’un projet d’écriture.
@ Gilles : ça joue aussi, c’est pas faux… 🙂
Merci pour cet article encourageant ! En général je m’oblige à écrire un peu tous les jours, mais sans persuasion, parfois sans motivation… J’ai du mal à penser que ce que j’écris vaut le coup, sans doute est-ce une question d’estime de soi… Lorsque je n’écris qu’une demi-page par jour, pour une raison X ou Y, je me décourage : à présent je repenserai à vos paroles !
Je me suis parfaitement retrouvé dans ce chouette article. En effet, peut-être finalement cela ne tient pas à grand-chose… Merci en tout cas.
Merci, c’est ce que je me disais ce matin, comme quoi…
Je cherche à Toulouse un endroit pour écrire, une résidence, un bureau au calme où pouvoir me rendre régulièrement, comme si j’allais au boulot ! je sais que ça existe, en connaissez vous ?
Je recherche un autre auteur pour s’épauler sur Lyon! Je laisse mon mail virginie.blaszkiewicz-masella@laposte.net
J’essaye aussi d’écrire un roman mais mon écriture vogue légèrement d’une période à l’autre. Je peux écrire 6 pages dans une journée et ensuite ne rien réussir à poser pendant 1 mois. Mais je ne suis pas sûre d’être un exemple, et je suis plûtot inexpérimentée. Mais ça avance quand même et écrire doit rester un plaisir donc je ne me forçe pas.
Ce conseil ma ouvert un chemin encourageant,sinon ça me fait bientôt 3 ans que je n’arrive pas à faire du progrès dans mes ecrits,faute d’organisation du temps. merci
J’ai commencer à vraiment écrire parce que j’ai fini en avance l’un de mes examen du bac cette année, il me réster toit jours » à tuer », alors je me suis dit: Pourquoi tu ne commencerais pas à écrire cette histoire qui te trote dans la tête depuis plusieurs mois? Alors je mi suis mise, un peu chaque jours, on était fin mai. Les vacances d’été sont arriver…nouvelle objectif, continuer ( après tout c’était commencer) j’en suis arriver à un rythme d’un chapitre par jour, en faisant lire à une amie mon travail petit à petit. Elle me donnait son avis et je modifiait en conséquence. Je l’est relus 4x et lès terminer début septembre. J’ai compter une moyenne de 348 pages, mais à présent un diléme se pose à moi, doit-je tenter de le publier?
Je suis ravie de me retrouver dans ces quelques lignes qui en effet rebooste bien 🙂
Pour ma part, j’écris depuis l’age de 8 ans juste « comme ça » comme on dit. Aujourd’hui j’en ai 44 ans et je commence seulement mon doux rêve, écrire !
J’ai donc 2 activités: écrire et… écrire ! lol En fait j’écris un livre sur la transformation qu’à eu la Corse sur moi quand je m’y suis installée car cela a changé ma vie ! Et en parallèle, je publie une saga en ligne sur mon blog (petite saga sans prétention avec un épisode par semaine). La particularité, c’est que cette saga peut être modifiée au gré des envies du lecteur. Ceux-ci me laissent leurs commentaires et je m’adapte à certaines bonnes idées proposées. Très bon exercice, car quand vous avez déjà planté le scénario, vous devez du coup voir les choses autrement. Mais j’adore les défis et au final le lecteur s’implique et ne peut que revenir pour la suite. Ce que je préfère ? Les laisser en plan à chaque fin d’épisode ha ha. Une de mes lectrices m’a dit que je les torturais. Je laisse toujours un suspens pile quand ils sont persuadés qu’il vont connaitre le pourquoi du comment 🙂
Mon blog étant récent, le départ est timide. Mais je suis plutôt contente, car je n’aurai jamais repris la plume, si la maladie ne m’était pas tombée dessus ! Un mal pour un bien, une providence, un clin d’oeil du destin qui me disait: Une maladie te prive de ton travail ? Alors profites-en pour vivre ton rêve !
Et’est ce que fait 🙂 Alors si écrire vous fait du bien, vous ferez aussi du bien à vos lecteurs, alors écrivez !
Et merci pour cet article qui fait du bien !