Trouver son rythme pour écrire (2e partie)

Une nouvelle chronique d’écriture de Frédérique Martin, auteur de romans et de nouvelles. À tes souhaits,est une nouvelle pour adolescents, qu’elle a publiée dans un collectif chez Thierry Magnier : Comme chiens et chats : histoires de frères et sœurs. En février 2011 est également paru Le fils prodigue aux éditions de l’Atelier in8. Son prochain roman est prévu chez Belfond en septembre 2012.

Chaque mois, retrouvez sur enviedecrire.com, une chronique de Frédérique Martin qui nous parle de cet acte créateur qu’est l’écriture.

Le mois dernier je parlais du rythme interne et de la manière dont il faut le trouver et le suivre – autant que faire se peut. J’évoquais à cette occasion, la semaine que je prends annuellement pour écrire dans un lieu isolé, temps fort et indispensable pour moi. Cependant, il n’est pas question de vivre uniquement une semaine par an. Alors quoi ?

Deux solutions se présentent : Geindre et se bloquer. Ou s’accommoder du réel et avancer.  Je vous laisse imaginer ce qu’il en a été pour moi. Ce qui ne veut pas dire qu’il suffit de choisir une voie pour qu’elle se déroule sans heurts, ni pour qu’elle mène quelque part. Mais la persévérance. Mais le courage. Se reporter à mes chroniques précédentes.

Un travail régulier

Donc, faire avec ce qui est possible. Lorsque j’ai commencé à écrire, j’ai cherché – et trouvé – un mi-temps de proximité, qui réunissait plusieurs critères : me fournir un salaire, me dégager du temps pour élever ma fille et pour écrire. Que ce boulot ne me plaise pas faisait partie des dégâts collatéraux – il y en a forcément. L’autre étant le morcellement : je ne disposais ainsi que de moitié de journées et de bouts d’heures volées. Je me suis donc spontanément tournée vers les formes brèves durant des années : fragments, poésies et nouvelles. Les jours se sont succédés, les textes aussi. Il y a eu le premier recueil de nouvelles, puis celui de poésie. À force de travail régulier, j’ai gagné en efficacité et le temps imparti, s’il restait le même, devenait plus fructueux. Quatorze ans durant, je me suis assise à mon bureau, cinq matinées par semaine, de neuf à treize heures. Les après-midi, j’étais en entreprise, les soirs et les week-ends, en famille.

En abordant le roman (j’en ai écrit trois dans ces conditions), j’ai touché les limites de mon organisation. Durant deux ans, j’ai bataillé avec mon employeur pour passer à deux jours de travail par semaine, neuf heures d’affilées. Désormais, je dispose de longues plages devant moi qui me permettent de mener plusieurs projets de front, de m’immerger des heures durant dans mon travail sans interruption, de le penser, de l’habiter. En attendant la prochaine étape, qui pourrait être – dans l’absolu – ne plus avoir à travailler dans une autre sphère que celle de l’écriture.

Croire en soi

Petit à petit, j’ai organisé ma vie en fonction et autour de l’écriture sans perdre de vue que je devais aussi garder une certaine autonomie financière et rester disponible pour ceux que j’aime. Le tout, sans savoir où j’allais, ni si cet investissement sur moi allait finir par aboutir. Mais si on ne croit pas en soi et en ses propres rêves, qui le fera à notre place ?

Il est évident que la publication apporte une validation à un tel projet de vie. Elle légitime l’auteur aux yeux de l’entourage. Il m’aura fallu attendre huit ans pour que L’Echarde du silence remporte le prix Prométhée et soit publié aux éditions du Rocher. En même temps, Zéro le Monde était accepté par les éditions Thierry Magnier. Auparavant, j’avais bénéficié de nombreuses éditions en revues et recueils collectifs, mais c’est vraiment avec ces deux livres que tout a changé pour moi. Patience. Persévérance. Endurance.

Pour trouver son rythme, il faut aussi savoir être seule et accueillir le silence. Je marche beaucoup, je m’isole des journées entières, sans cesser pour autant d’expérimenter : des lieux, des formes, des rencontres, des projets, des collaborations… Dans tous les domaines, j’essaie d’ouvrir le champ des possibles, ce qui pourrait se traduire par ces quelques vers issus du long poème qui traverse mon livre En quête de Job.

Ce n’est pas la destination
c’est le voyage
qui te révèle d’où tu viens
et jusqu’où tu es capable d’aller.
Acquiescement
est le maître mot
de ceux qui veulent éprouver
ce qu’être vivant exige.

Lisez la première partie de cette chronique

Découvrez : Le fils prodigue, la nouvelle de Frédérique Martin parue en février 2011 aux éditions de l’Atelier in8.

Retrouvez : Frédérique Martin sur son blog

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2 Replies to “Trouver son rythme pour écrire (2e partie)”

  1. Que serait le talent sans une bonne dose de travail ?
    « les dégats collatéraux » auxquels vous faites allusion reflètent bien l’acceptation des riques que vous avez su évaluer pour préserver votre famille, vos réflexions, votre job… une belle leçon !
    Merci Frédérique.

  2. Didier,

    Je n’avais pas l’intention de donner un leçon, non pas du tout. Il m’a semblé qu’il fallait être trés concrète pour donner à voir de quelle manière je me suis organisée pour arriver à écrire. On peut rester coincé toute sa vie, se trouver des excuses, s’empêcher d’avancer. Voilà, c’est une manière de dire : un pas après l’autre, certes, mais il faut y aller. Merci de votre lecture.

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